La présence d’un épais rideau masquant une discrète volée d’es­ca­liers, asso­ciée au nom du restau­rant, peut décon­cer­ter. Ne nous apprê­tons nous pas à péné­trer dans un lupa­nar baroque ? L’idée évoque aussi­tôt les baccha­nales de Pous­sin, trai­tant essen­tiel­le­ment de femmes dénu­dées, matées par des satyres ivres faisant semblant de jouer de la flûte.

Bien­tôt une cave/bar à vins

En réalité, Jérôme Saba­tier au service et le chef Jean-Baptiste Magno ont installé un lourd rideau pour se proté­ger des vents coulis. Quant aux baccha­nales, elles sont essen­tiel­le­ment un hommage au dieu Bacchus, que la carte des vins honore d’un culte atten­tif et précis.

Elle devrait se prolon­ger sous peu au rez-de-chaus­sée par une cave/bar à vins nommée Nil (un rapport avec Toutan­ka­non ?). En haut des esca­liers, on accède à un élégant salon baigné par Bach au clave­cin… Les tables sont répar­ties sur les bords, un pan de mur étant occupé par une belle table de soyeux Lyon­nais (ce que la Lincoln Conti­nen­tal limou­sine est à la Twingo).

Baccha­nales, le nouveau resto à Ainay.

Manu gastro­no­mique unique à 69 €

Le menu gastro­no­mique est unique, « sans alter­na­tive ». Les amuse-bouche étaient malheu­reu­se­ment anec­do­tiques, la chip asia­tique pimpée à la truite fumée ne met pas vrai­ment le feu au décol­lage. L’his­toire commence vrai­ment avec un œuf mollet, risotto de céleri rave et crème de pomme de terre, géné­reu­se­ment parsemé de lamelles de truffe, suivi de tortel­lini four­rés de courge, parfu­més de parme­san, kumquat et safran. En nous rappe­lant que le duo tenait naguère un restau­rant aux influences italiennes (L’Opéra-Bouffe).

Clas­si­cisme bour­geois et pintade à la char­treuse

L’al­liance poireau en canon/Saint-Jacques et son corail en version bain mous­sant/ thé fumé fonc­tionne parfai­te­ment. Ce qui est forte­ment inté­res­sant dans cette cuisine est qu’elle n’a pas peur du clas­si­cisme. Baccha­nales le reven­dique même dans le point culmi­nant du menu : une déli­cieuse char­treuse de perdreau de pintade et de foie gras. Cette sorte de mille­feuille bour­geois et salé à base de légumes demande du travail et de l’ab­né­ga­tion. Si bien que ce beau plat est cantonné à la rareté. Riz au lait à la carda­mome et jolie décli­nai­son de textures à base d’agrumes terminent un agréable moment à part.

Le menu devrait s’al­lon­ger quand le chef sera tota­le­ment réta­bli d’un acci­dent de machine à jambon qui rappelle la scène de la déchique­teuse dans Fargo. N’hé­si­tez pas à creu­ser la carte des vins avec Jérôme qui est aussi très fort en musique clas­sique, ce qui peut prolon­ger le temps du café (excellent, doux, terreux) : il est parti­cu­liè­re­ment disert.

Baccha­nales. 31 rue des Remparts d’Ai­nay (à l’étage), Lyon 2e. 04 78 37 47 69. Ouvert à déjeu­ner du mardi au samedi jusqu’à fin janvier. Ouvert le soir du mardi au samedi. Menu : 69 € (pour janvier).

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