Comme on s’en doutait un peu, Les Saints Potins sont situés juste à côté de l’église Saint-Pothin…
La terrasse sur trottoir, ouverte depuis peu et exposée parfaitement au soleil, permet d’observer « un portique hexastyle d’ordre dorique » selon les spécialistes. Le mot « tape à l’œil » – « faites-moi une église façon temple grec pour en mettre plein la vue aux fidèles » – serait plus adapté… Nous étions là pour la spécialité d’en face. Ce joli bistrot, chic, mais vin à la ficelle, suggère que « si tu trouves que l’horizon n’est pas net, reste à la buvette » et ressuscite aussi une espèce il y a peu en danger : la saucisse purée.

Vous allez prier pour y manger

Cette spécialité parisienne a été créée par les Auvergnats qui ont migré avec leurs saucisses et leur aligot en version simplifiée. Elle revient enfin en grâce dans le même train que l’œuf mayonnaise. Cela tombe bien, il y en a aussi à la carte. Les deux sont très réussis, n’essayant pas de s’extraire de leurs origines bistrotières, avec mention très bien pour la saucisse qui ne fait pas de gras. Un élément essentiel de ce plat populaire est respecté : le puits, ou plutôt le cratère, pratiqué dans la purée pour contenir un bon jus de viande. Certains y verront des souvenirs de cartable et de meilleur plat de la cantine (sauf le jour des frites), une voie tangente pour oublier un temps le statut parfois encombrant d’adulte responsable.

Les Saints Potins, bon chic bon genre de Lyon 6e

L’établissement quant à lui ne joue pas au caboulot des faubourgs, mais se pose plutôt comme un bistrot élégant du 6e arrondissement. Un lustre aux grandes pales cannées, Les Saints Potins évoquent un mobile de Calder et, surmontant une banquette au motif pied de poule, se dresse un grand bar éclairé par des lustres à pampilles. Le bleu des murs est le bon bleu qui fait chic et bon genre.

Terrine maison et cuisine généreuse

On y a aussi goûté un genre de soupe minestrone de moules assez réussie et une entrée sympathique à base de chou-fleur et d’avocat en transition vers les beaux jours (sauf incident nucléaire). La terrine maison a du tempérament, contrairement au carpaccio de radis (noirs) et de betteraves (rouges) qui s’annonçait bien, mais se révélait un peu pâlot. Le magret de canard à l’orange, accord sucré-salé aussi kitch que délicieux, a bien fait de se faire exhumer par le chef Julien des années pompidoliennes qui l’avaient fait roi. Bon bistrot, bon accueil (Yannis, Lucie, Bruno, Michael… On ne les connait pas, mais on a pris les noms). Chez Les Saints Potins, on ne nous prend pas pour des saucisses.

Les Saints Potins. 7 place Edgar-Quinet, Lyon 6e. 04 72 74 49 63. Fermé dimanche. Formule : 19 €. Menu : 24 €. Saucisse purée : 14 €. Magret de canard à l’orange : 20 €. Cheesecake chocolat (très dense, très bon) : 7 €.