Le Phosphore a changé de nom pour devenir le Bistrot Têtedoie. Ce n’est pas très original, mais c’est cohérent, vu que le restaurant est placé au pied du porte-avion Têtedoie qui compte le restaurant gastronomique Têtedoie et le rooftop Têtedoie, de même que le chef Christian Têtedoie, MOF étoilé, en chair et en plumes. On n’a pas mesuré, mais la salle semble plus grande, peut-être que des murs ont été poussés. Et puis il y a la chouette terrasse avec vue sur notre skyline lyonnaise (un peu édentée certes, mais on n’est pas à New-york). L’idée de « bistrot » ne tient que par la présence d’un bar, qui n’est pas prévu pour s’accouder à l’apéro. On classerait donc plutôt l’établissement dans la catégorie brasserie contemporaine.

La fine équipe du nouveau bistrot Têtedoie. (photos Susie Waroude)

Au menu déjeuner, difficile de tergiverser : une entrée, un plat, un dessert. Point. En entrée, un saumon de fontaine (autre nom pour la truite mouchetée) sous injection de mascarpone. Une pluche de persil, de l’aneth, de l’oignon rouge, de petites touches citronnées. C’est frais, c’est bon et c’est joli. En revanche, on se demande pourquoi s’étaient invités au bord de la piscine des petits morceaux de « blinis végétal » (sic) sans goût ni grâce, partis à la conquête de l’inutile. Passons sur la cuisson du lapin braisé au cidre/tagliatelle, sympa mais trop sec du râble. Le lapin ne pardonne pas. Soit on le cuit sur le vif, rapide à la Lewis Hamilton, légèrement rosé à coeur, soit longtemps… mijoté, confit ou endormi à basse température. Là, on était cet entre-deux incertain que doit ressentir la tranche de jambon cernée par du pain de mie. Probablement un jour sans. En revanche, le « menu carte » (en réalité un simple menu à choix multiples, pas à la carte) rameutait des notes d’enthousiasme en végétaux majeurs. La fraîche soupe de petits pois verveine et citron confit (feuilles d’oxalis et lanières de poireau déniaisées au chalumeau) a un pur goût de printemps. Les rillons de ris de veau bien grillotés, très cuits mais pas du tout caoutchouc bénéficiaient d’un jus profond, réduit jusqu’à ce qu’on lui voit l’âme. Il devait provenir de l’étoilé au dessus. Le risotto aux champignons de Paris bruns qui jouait en double était aussi peu académique (monté à la crème) qu’excellent. Côté mille-feuille caramel citron et vanille, il n’ y a que trois feuilles, mais le serveur qui a de l’humour et du sourire nuance : « comme c’est de la pâte feuilletée, cela en fait beaucoup plus ». Pour résumer, le niveau est là, malgré le lapin qui nous a posé un lapin.

Bistrot Têtedoie. 4 rue Professeur Pierre-Marion, Lyon 5e. 04 78 29 40 10. Fermé : mardi. Menus : 24 euros (midi) et 38 euros.