Il vient d’ob­te­nir un Bib Miche­lin archi-mérité. Mais Vero­na­tuti est déjà depuis plusieurs années notre restau­rant italien de coeur à Lyon (trat­to­ria pas pizze­ria). Retour aux sources du meilleur rapport qualité-prix de la ville.

Sans les avoir tous passés au crash test (mais pas loin), on peut s’avan­cer sans risque pour élire Vero­na­tuti comme le meilleur restau­rant italien de Lyon. Un de ses inté­rêts majeurs, outre une cuisine qui tire ses saveurs comme des flèches, est une agré­ga­tion de toutes les régions de la Botte, d’où le nom Vero­na­tuti, contrac­tion de VEnise,ROme, NAples et tutti quan­ti… Miam.

L’as­siette en Italie, une culture à parta­ger

À sa tête, l’ex-capi­taine de frégate chez feu Tartufo, Benja­min Bugand-Ydais. Allure de petit lutin gracieux, à la quara­taine épanouie. L’autre partie du tandem, Chris­tophe Cocco, très à l’écoute en salle, rend toujours visite à sa famille dans la région du Latium. De ces familles dans lesquelle ouvrir une conserve frise le sacri­lège. Son patro­nyme signi­fie « noix de coco » en italien. Ou, moins discret dans les cours d’école, « le chou­chou à sa maman » à cause de l’ex­pres­sion « cocco di bello »… Le prénom d’une de ses grands-mères : Italia. De l’autre côté de la famille, on s’ap­pelle Ricci. On vous le donne en mille : « oursin » dans la langue de Gian­luigi Buffon.

Vous avez compris le topo : le Coco en ques­tion est exac­te­ment là où il voulait être dans ce bistrot dont le menu circule le toit ouvert sur les petites routes d’Ita­lie : pasta all’a­ma­tri­ciana (sauce tomate et joues de porc) ou à la saucisse de fenouil et au vin rouge, vitello tonato (veau et thon), recette piémon­taise typique, ravio­lis de courge, une délec­table spécia­lité de Lombar­die ou encore torta Sacere, douceur de Turin et de Milan. « Avec la four­chette, tu croques un morceau d’Ita­lie », résume Chris­tophe, passionné d’his­toire et de civi­li­sa­tions, prompt à détailler le pedi­gree d’une recette. « L’as­siette, c’est aussi de la culture à faire parta­ger ».

Pasta e vino da Vero­na­tuti.

On ne se tire pas dans les pâtes

« Beau­coup de clients me demandent de quelle région d’Ita­lie je viens », glisse dans un demi-sourire la barbe de Benja­min. « Je ne joue pas l’Ita­lie-spaghetti : je suis Croix-rous­sien ». Père savoyard, mère bretonne. D’au­tant plus un faux procès que ce titu­laire d’un LEA se débrouille fort bien en italien. Atta­blée devant des gnoc­chis alla sorren­tina d’an­tho­lo­gie, on comprend que la curio­sité et la flamme sont des moteurs aussi puis­sants, voire davan­tage, qu’un lieu de nais­sance, une origine. Une Sarde lui a d’ailleurs lancé après le déjeu­ner : « Vous cuisi­nez mieux que moi ! » Sacré hommage. Le credo de ces amis de longue date : respec­ter la simpli­cité biblique de la cuisine de la Botte, miton­née à partir de peu d’in­gré­dients mais à la qualité irré­pro­chable. S’at­ta­cher à faire ressor­tir les nuances, la typi­cité paysanne, les plats oubliés.

Vero­na­tuti, 122 rue Montesquieu, Lyon 7e. Du mardi au samedi à déjeu­ner et du mercredi au vendredi à dîner. Formule entrée-plat ou plat-dessert 22 €. Menu complet 26 €. Menu 35 € le soir (41 € avec le fromage). Superbe carte des vins. Desserts indis­pen­sables.