On comprend le succès qu’a eu en salles ce premier film autobiographique d’un fils de paysan relayant le drame qu’a vécu son père. L’alternance entre la beauté des paysages de Mayenne et la vie quotidienne d’une ferme familiale est croquée loin des clichés parisiens habituels quand il s’agit de rendre soluble le monde rural dans le cinéma rural, et sans le moindre misérabilisme. La présence de Veerle Baetens en femme au sang froid qui supporte autant ses sautes d’humeur que sa comptabilité, et d’Anthony Bajon en jeune fils alter ego du réalisateur n’y sont pas pour rien. Mais c’est avant tout la description du monde agricole qui convainct le plus, et son corollaire déguisé en modernité : la spirale infernale qui oblige un agriculteur à faire grossir son exploitation jusqu’au surendettement vs épuisement.
Chauve qui peut la ferme.
Maintenant un bel équilibre de savoir-faire durant la première heure, Edouard Bergeon a plus de mal à garder la juste distance quand il bascule dans le mélo, pour des raisons personnelles évidentes, le film se terminant sur les archives de son véritable paternel, expliquant du même coup la calvitie infligée à Canet tout le long du film. Les âmes sensibles devront éviter le drame familial final avant d’aller se coucher. Au nom de la terre n’en reste pas moins du bon cinéma populaire, bien produit et bien réalisé, témoignant d’une réalité agricole qui, depuis Petit Paysan, ne mérite que de prendre de plus en plus sa place sur grand écran… puis sur le petit.
Au nom de la terre d’Edouard Bergeon (Fr, 1h43) avec Guillaume Canet, Veerle Baetens, Anthony Bajon… Mercredi 23 février à 21h10 sur France 2 et en replay sur FranceTv.