C’est presque les 5 premières minutes qui sont les plus inté­res­santes. On y découvre la nais­sance d’un véri­table amour, dont on perçoit toute l’émo­tion sur le visage d’Amber Heard. Elle l’ap­pel­lera tout du long « Johnny« , en lais­sant toujours trans­pa­raître ses émotions. Lui s’en tien­dra à « Mrs Heard« , avec le calme et la réten­tion du plus parfait pouvoir mascu­lin. Un jeu de rôles ? Pas forcé­ment. On entend quelques instants plus tard le témoi­gnage audio par lequel il l’a congé­diée, s’es­ti­mant trahi : « Ne m’en­lèves pas mes lunettes, tu ne verras plus jamais mes yeux« . Il s’y tien­dra pendant tout le procès, ne regar­dant pas une seule fois son ancienne compagne, les yeux cachés derrière ses verres fumés.

Si l’his­toire d’amour est bien réelle et les disputes de la sépa­ra­tion mani­festes, le procès, lui, ne repose que sur une procé­dure pour « diffa­ma­tion » inten­tée par Johnny Depp, en rien sur les violences conju­gales dont Amber Heard dit être la victime. S’en suit une procé­dure assez fasti­dieuse, que la réali­sa­trice Emilie Semi­ra­moth alimente un peu trop par ce qu’elle prétend dénon­cer : le commerce people juteux des réseaux sociaux, à travers des inserts web d’une rare laideur allant jusqu’à être anony­mes…

Depp vs Heard, avant tout une affaire de gros sous et de noto­riété

Affaire de gros sous et de noto­riété, ce qu’on pour­rait presque prendre pour une masca­rade se soldera par un accord à l’amiable entre les deux parties inter­venu en décembre 2022, Amber Heard versant un millions de dollars à son ancien mari. Prise en flagrant délit de mensonge sous serment pendant la procé­dure, on ne peut pas dire qu’elle ait joué la meilleure parti­tion, allant jusqu’à annon­cer des millions de dons à des asso­cia­tions qu’elle n’a jamais réali­sés… Innocent ou simple­ment plus retors, Johnny Depp assure le service après-vente sur les réseaux sociaux, et va boire un coup tranquille­ment dans un pub londo­nien le jour du verdict large­ment en sa faveur…

Depp, toujours derrière ses lunet­tes…

Mani­pu­la­tion de l’une prenant des photos de Johnny Depp en train de cuver, et de l’autre gagnant la bataille de la noto­riété haut la main, ce docu­men­taire manquant de recul rest au point mort de la ques­tion morale jusqu’au bout : « Personne ne sait ce qui s’est vrai­ment passé entre eux, impos­sible de savoir la vérité. » (sic) Peut-être rien d’autre que le gâchis d’une sépa­ra­tion s’éter­ni­sant en disputes conju­gales. A force de vouloir ména­ger la chèvre Amber Heard et le chou Johnny Depp, le docu­men­taire d’Emi­lie Semi­ra­moth finit par ne pas dire grand-chose. Ni sur la soif de noto­riété et d’as­cen­sion sociale, ni sur #MeToo et la culture du viol à Holly­wood, pour­tant bien réelles. Un procès en diffa­ma­tion dit bien ce qu’il veut dire : il n’était ques­tion ici que de répu­ta­tion pour conti­nuer le rêve holly­woo­dien, désor­mais chacun(e) de son côté. Domma­ge…

Johnny Depp vs Amber Heard. Docu­men­taire d’Emi­lie Semi­ra­moth. Dispo­nible sur Netflix.

Une belle tête de vainqueur…