A l’aube de devenir principal, un prof rigide et un tantinet moralisateur hors de tout soupçon s’apprête à tricher pour garantir l’entrée dans les meilleurs écoles de son fils, brillant mais soudain atteint d’une faiblesse en mathématiques… Il y a un beau sujet dans Le Principal : l’amertume que peut laisser le goût immodéré de la méritocratie.

Roschdy Zem et Jibril Bhira, père et fils.

Malheureusement, Chad Chenouga n’aborde ce dilemme moral dignes d’un film des frères Dardenne qu’en fin de film, en éludant les questions qui fâchent, comme la couverture des actes de ce Sabri Halali par l’éducation nationale).

Le principal ou comment éluder les questions qui fâchent

Et passe l’essentiel de la première heure du film à diluer son propos dans des scènes inutiles pour épuiser sa bonne conscience sociale : l’oncle malade aux mauvaises fréquentations des cités qui fait un aller-retour en prison, une ancienne histoire d’amour mal refermée qui ne peut pas véritablement recommencer (Marina Hands), et une Principale lunaire bientôt à la retraite (Yolande Moreau) qui cite Balzac ou Martin Eden pour nous rappeler qu’il s’agit bien d’éducation…

Roschdy Zem, acteur pas si principal qui roule des mécaniques

Pendant ce temps, Roschdy Zem roule des mécaniques dans son costume très propret de prof (bientôt) principal dans les couloirs de son collège tout aussi propret, fronce les sourcils comme il aime bien faire et tâche de renouer avec un fils qu’il n’hésite pourtant pas à dénoncer à sa place…

Bref, si Le Principal a le mérite d’aborder la question sociale à travers une résolution relativement rare sur les écrans hexagonaux, il n’en demeure pas moins encore beaucoup trop encombré de la bien-pensance d’un cinéma d’auteur français pour vraiment convaincre, s’encombrant de scènes inutiles (entrées et sorties filmées en longueur), tout en moralisant un dialogue sur deux. Dommage.

Le Principal de Chad Chenouga (Fr, 1h22) avec Roschdy Zem, Jibril Bhira (très bien), Yolande Moreau, Marina Hands, Sébastien Chassagne… Sortie le 10 mai. Désormais disponible sur Canal Plus.