N’y allez pas pour le grand spectacle ! Le siège de La Rochelle au cœur de la seconde partie du roman de Dumas ressemble ici furieusement à une piscine à boue avec trois matelots pour se battre en duel. Avec une vue volée sur quelques bateaux filmée derrière une paroi de Fort Boyard pour seule inspiration. Pour les batailles, ce sera à peu près tout, expédié en 5 mn chrono. Autant revoir Napoléon, c’est dire…

Si on avait trouvé le premier volet de ces Trois Mousquetaires plutôt enlevé et sympathique avec son casting de haut vol, dans cette Milady (très) dramatique l’esprit picaresque de Dumas manque tout le temps, et le scénario est assez confus avant une fin archi-mélo. Comme dirait l’autre, il n’y a rien qui va.

Dès le départ, les personnages s’éparpillent façon puzzle sans véritable enjeu : Athos parle à son fils et D’Artagnan se refuse d’un « je ne peux pas«  pas très crédible devant la poitrine opulente de la sublime Eva Green en pensant un peu trop pieusement à sa bien-aimée Constance, et on cherche en vain où sont passés les deux autres Mousquetaires.

Milady et D’Artagnan, Eva Green et François Civil en pleine approche…

Romain Duris, le grand absent de Milady

Une fois le (mini) siège de La Rochelle passé, ce second volet n’aura jamais vraiment démarré. Milady est filmée comme une ex revenue se venger et n’est jamais vraiment le personnage principal. Pas plus que Romain Duris, grand acteur honteusement sous-employé ici. Pio Marmaï finira par faire la blague en Porthos, mais il vous faudra attendre longtemps pour le voir un instant…

A côté de Louis Garrel vissé sur son trône en mode détaché en début et fin de film, il faudra donc faire avec le Richelieu plus « prélassé » que prélat d’Eric Ruf. Ce n’est quand même pas l’acteur du siècle, l’administrateur de la Comédie-Française… Dommage, c’était lui le méchant.

François Civil en train de viser Eric Ruf, on le comprend…

Milady, « en amour aussi, il faut savoir conclure »

Pour seule boussole, on aura donc une double histoire d’amour recuite et hyper-dramatique étirée en sanglots longs, avec un switch final aussi inspirant que la mise en scène de Martin Bourboulon : sans souffle et sans enjeu.

La photo est systématiquement à contre-jour ou contre-nuit ce qui ne laisse pas d’étonner pour une telle production. Vous pourrez toujours laisser passer le temps grâce au casting. On aurait plutôt tendance à faire notre maxime de la dernière réplique de Louis Garrel : « En amour aussi, il faut savoir conclure ».

Visiblement, les producteurs, eux, ont choisi de laisser la porte ouverte à un troisième épisode en s’éloignant du roman de Dumas… Pas sûr qu’on soit très client, déjà échaudé par cette Milady de trop.

Les Trois Mousquetaires, Milady de Martin Bourboulon (Fr, 1h55) avec Eva Green, François Civil, Vincent Cassel, Pio Marmaï, Eric Ruf, Romain Duris, Louis Garrel, Vicky Krieps, Alexis Michalik… Sortie le 13 décembre.

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