Dans son Napo­léon, le point de vue de Ridley Scott est assez clair : montrer un Napo­léon en « crapule corse », cocu­fié, obsédé à l’idée d’avoir un héri­tier. Un Napo­léon pour l’es­sen­tiel dans l’an­ti­chambre des batailles donc, sati­rique, plus proche de House Of Gucci que de Gladia­tor, avec ce côté rica­nant et moqueur, débon­naire et débraillé, qu’a toujours eu Ridley Scott avec les ors du pouvoir.

Vanessa Kirby et Joaquin Phoe­nix en amants éter­nels.

Napo­léon, un soap opera rica­nant

Une satire anglo-saxonne d’un dicta­teur français au petit pied, pourquoi pas… Malheu­reu­se­ment, entre les poly­pho­nies corses et la Carma­gnole, le film reste assez laid et semble hési­ter autant sur son ton que sur son héros, rela­ti­ve­ment absent, souvent ridi­cule, étouf­fant ses larmes pour José­phine dans un mouchoir comme un petit gamin.

Mal écrit, mal dirigé, Joaquin Phoe­nix y trouve un de ses plus mauvais rôles, tour à tour boudant ou roulant des yeux. Face à lui, la José­phine de Vanessa Kirby appa­raît quel­conque. On a donc bien du mal à s’in­té­res­ser à une histoire d’amour qui nous est présen­tée comme un simple détrous­sage en chambre. Avec des dialogues aussi subtils que « votre ventre est vide » (pour dire qu’elle n’a pas d’en­fant), contre « votre ventre est gras ». Ou encore : « Je suis une fleur qui ouvre ses pétales en souriant au soleil ». Poésie quand tu nous tiens…

La bataille de Water­loo, seul morceau de bravoure du film

Avant le seul véri­table morceau de bravoure du film que consti­tue la bataille finale de Water­loo – comme tour­née à part – ce Napo­léon n’est rien d’autre qu’un soap opéra, écrit par un tâche­ron des séries, David Scarpa. Auster­litz ou la Moscowa sont sanglantes à la découpe certes, mais bien molles et bien courtes. On ne sait pas si la version longue prévue pour Apple lui rendra davan­tage justice, mais cette version courte pour grand écran reste tota­le­ment bancale (Ludi­vine Sagnier présente au géné­rique n’ap­pa­raît d’ailleurs pas dans cette version cinéma). Bancale et indé­cise jusqu’à la dernière scène, sur l’île Sainte-Hélène, dans laquelle deux enfants jouent aux épées. Comme si Ridley Scott, lui non plus, n’avait jamais voulu prendre son film de guerre au sérieux.

Napo­léon de Ridley Scott (GB-EU, 2h38) avec Joaquin Phoe­nix, Vanessa Kirby, Rupert Everett, Tahar Rahim… Sortie le 22 novembre.

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