Elle fait réparer le chalet qu’elle vient d’acheter au Québec pendant que son mari est trop occupé, et là, c’est la révélation : le charpentier s’appelle Sylvain ! La première qualité de cette comédie romantique c’est d’échapper à tous les clichés du genre adultère : pas de crise de couple lourdingue, pas (trop) de renvois sociaux et une façon très crue – très tendre, très chaude – de filmer le sexe. Sans insistance et sans complexe.

Simple comme Sylvain est une sorte de Hannah et ses sœurs joyeux (un des plus beaux Woody Allen), dans sa façon très impressionniste de mettre en scène ses deux personnages au milieu des autres, comme autant de plans (et de baisers) volés au déterminisme social. Autant Monia Chokri sait écrire des dialogues avec toute la gouaille québécoise – aussi fine dans l’observation qu’exotique dans la formulation – autant elle sait aussi s’arrêter sur le silence des corps, un doute passager ou un désir irrépressible.

Simple comme Sylvain, et complexe comme une véritable histoire d’amour

C’est ce balancement permanent entre une passion simple et son contexte subtil (tous les seconds rôles existent, jusqu’à devenir poignants quand il s’agit d’aborder la vieillesse familiale) qui fait de cette histoire une véritable histoire d’amour, qui réserve sa dernière surprise pour la toute fin.

A ce jeu du matou charpentier, Pierre-Yves Cardinal, passé par chez Xavier Dolan, est parfait en bogosse qui ne se la joue pas, aussi profond que naïf, et Magalie Lépine-Blondeau résiste en majesté aux affres de la quarantaine. L’une comme l’autre ont chacun leur libre-arbitre en composant des personnages simples mais complexes, jusqu’au bout.

Michel Sardou ou Jankélévitch ?

On ne vous donnera qu’un indice : dans le traité amoureux que cette prof de philo tient incidemment tout au long du film, elle finit par donner davantage raison à Schopenhauer qu’à Jankélévitch… Les incises sociales qui vont de Michel Sardou chanteur de droite (clin d’oeil vérifié depuis) au débat incident sur la peine de mort pour les Arabes coupables d’attentat, donnent encore plus de prix à ce grand petit film du « je ne sais quoi et du presque rien« . Une sacrée bonne surprise, tabernacle !

Simple comme Sylvain de Monia Chokri (Can-Fr, 1h50) avec Magalie Lépine-Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis William-Rhéaume, Monia Chokri… Sortie le 8 novembre.

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