Une femme se jette dans le métro bondé (à Paris, pléonasme). Elle dit « pardon » à celui qu’elle bouscule gentiment, mais pas sur le ton qu’il aurait souhaité. Ils vont faire l’amour à la va-vite dans le photomaton de la station… Le plan médiocre sur les chaussettes de Madame et Monsieur sous le rideau (ils sont mariés) annoncent déjà la couleur : c’est tout ce qu’on verra des corps dans ce film bien français qui n’arrête pas d’en parler…

Après Guy, le sérieux ne convient décidément pas à Alex Lutz. Avec Une nuit, il réussit à être prise de courge dès la première minute, avec un twist final qu’on devine tout de suite tant la situation et les dialogues sont artificiels… Nous voilà donc partie pour 1h30 de bavardage sexualo-sentimental nocturne avec une Karin Viard en roue libre qui compile tous ses rôles récents de quinqua sexy. Chacun questionne et commente ce que dit l’autre, ou ce que font les autres autour d’eux. « J’arrive pas à partir mais j’arrive pas à rester » (sic), « le courage, c’est avoir le moral » (resic)… On vous épargnera les litanies d’échanges théâtralisés avec le même souffle qu’un correcteur de grammaire qui reprendrait chaque mot pour être bien sûr de ce qu’il veut dire… Ou pas, parce que le couple, c’est pas toujours savoir ce qu’on fait ensemble…

Karin Viard et Alex Lutz comme dans Titanic… mais 40 ans après et sur la Seine.

Masseur prostatique, échangistes et nuit interminable

Comme on est bien dans un film français, on croisera donc le temps de cette Nuit interminable une soirée pourrie, une troupe de théâtre amateur, un couple échangiste (qui fait dans la leçon d’amour lui aussi), et même un « masseur prostatique« , histoire de savoir ce que ça fait de se mettre un doigt (ou pas). Et bien sûr un cheval sorti de nulle part à la fin, quand Alex Lutz n’a vraiment plus aucune idée, comme dans son dernier spectacle sur scène…

Ce caprice narcissique dans lequel tout le monde fait semblant d’aimer et d’être fatigué clame qu’on est tous « responsable des émotions qu’on ressent« , et qu’il faut être soi-même dans sa « vérité d’humain débarrassé des oripeaux« . Heureusement pour Alex Lutz, la vérité et la responsabilité d’être cinéaste attendront. Quel dommage qu’il est arrêté Catherine et Liliane, il en disait beaucoup plus sur la vie (et l’amour, aussi).

Une nuit de et avec Alex Lutz (Fr, 1h32) avec Karin Viard, Nicole Calfan, Jérôme Pouly… Sortie le 5 juillet.