S’il y a un maître du bel canto baroque, c’est bien lui. Avant de se faire natu­ra­lisé anglais et être immor­ta­lisé avec Le Messie, Haen­del a fui très tôt son Alle­magne nata­le… pour tomber amou­reux fou de l’opéra italien. Il en compo­sera 39, en les impor­tant à Londres, à une époque où les natio­na­lismes voyaient déjà d’un mauvais oeil la fusion des styles euro­péens.

La soprano Sophie Junker, le « Rossi­gnol » du Concert de l’Hos­tel Dieu (Jean-Baptiste Millot).

La Fran­ce­sina, le nouveau projet du Concert de l’Hos­tel Dieu, consa­cré à la dernière muse de Haen­del, s’in­té­resse à cette époque char­nière dans la vie du compo­si­teur : Elisa­beth Duparc alias « La Fran­ce­sina » fut en effet la diva des derniers opéras de Haen­del (Fara­mondo, Deida­mia et surtout Serse, son chef-d’oeuvre), et la première voix fémi­nine de ses orato­rios, à l’orée des années 1740.

Le disque – couronné à juste titre du pres­ti­gieux Inter­na­tio­nal Clas­si­cal Musi­cal award (ICMA) – donne à entendre la somme de ces talents haen­dé­liens, le bon George s’amu­sant bien souvent à brouiller les pistes entre les genres, ses orato­rios fuyant la plupart du temps l’an­crage reli­gieux, pour conti­nuer à donner du plai­sir (surtout dans Semele, ouvrage hybride ouver­te­ment érotique).

Grâce à la soprano Sophie Junker, bel cantiste accom­plie, l’art ambi­va­lent de Haen­del traverse tout le disque avec gour­man­dise d’un monde à l’autre, avec quelques plages instru­men­tales raris­simes pour couron­ner le tout, comme un Occa­sio­nal orato­rio, dont on igno­rait l’exis­tence. A dégus­ter sur scène mardi 29 juin salle Molière, sans modé­ra­tion.

La Fran­ce­sina , le rossi­gnol de Haen­del par le Concert de l’Hos­tel Dieu et Sophie Junker (18 €, chez Aparté). Concert le 29 juin 2021 à Lyon 5e, salle Molière, à 20h. 26 €.

Vous pouvez aussi réécou­ter l’émis­sion spéciale de RCF Lyon consa­crée à La Fran­ce­sina.