S’il y a un maître du bel canto baroque, c’est bien lui. Avant de se faire naturalisé anglais et être immortalisé avec Le Messie, Haendel a fui très tôt son Allemagne natale… pour tomber amoureux fou de l’opéra italien. Il en composera 39, en les important à Londres, à une époque où les nationalismes voyaient déjà d’un mauvais oeil la fusion des styles européens.

La soprano Sophie Junker, le « Rossignol » du Concert de l’Hostel Dieu (Jean-Baptiste Millot).

La Francesina, le nouveau projet du Concert de l’Hostel Dieu, consacré à la dernière muse de Haendel, s’intéresse à cette époque charnière dans la vie du compositeur : Elisabeth Duparc alias « La Francesina » fut en effet la diva des derniers opéras de Haendel (Faramondo, Deidamia et surtout Serse, son chef-d’oeuvre), et la première voix féminine de ses oratorios, à l’orée des années 1740.

La Francesina, de l’opéra à l’oratorio

Le disque – couronné à juste titre du prestigieux International Classical Musical award (ICMA) – donne à entendre la somme de ces talents haendéliens, le bon George s’amusant bien souvent à brouiller les pistes entre les genres, ses oratorios fuyant la plupart du temps l’ancrage religieux, pour continuer à donner du plaisir (surtout dans Semele, ouvrage hybride ouvertement érotique).

Grâce à la soprano Sophie Junker, bel cantiste accomplie, l’art ambivalent de Haendel traverse tout le disque avec gourmandise d’un monde à l’autre, avec quelques plages instrumentales rarissimes pour couronner le tout, comme un Occasional oratorio, dont on ignorait l’existence. A déguster sur scène, sans modération.

La Francesina , le rossignol de Haendel par le Concert de l’Hostel Dieu et Sophie Junker (18 €, chez Aparté). Concert le mardi 4 juin à 20h à l’église Saint-Bruno des Chartreux, Lyon 5e. 26 €.

Vous pouvez aussi réécouter l’émission spéciale de RCF Lyon consacrée à La Francesina.