Voilà bien longtemps qu’on n’avait pas vu un premier film français aussi impressionnant. Un buddy movie avec deux acteurs épatants en jeunes soldats de retour dans une France oubliée comme un décor fantôme. La scène de casse est digne de Jacques Audiard, et le dilemme de soldats ravagés par la guerre à la suite d’une opération clandestine ayant mal tourné confère à ce premier film un propos social des plus prégnants sur une jeunesse mort-née.

Niels Schneider avec India Hair dans Sentinelle Sud.

Un grand rôle pour Niels Schneider

Voilà aussi longtemps qu’on attendait un grand rôle à la mesure de Niels Schneider, qui avait déjà montré l’épaisseur qu’il avait su prendre dans des films plus mineurs (Revenir de Jessica Palud, ou Sympathie pour le diable, en reporter de guerre). Dans le rôle-titre de ce Sentinelle Sud, il nous rappelle le Robert Pattinson ahuri de Good Time des frères Safdie. Il atteint des sommets d’intensité, ravagé de l’intérieur par le traumatisme, capable d’une violence éruptive, comme de la tendresse la plus douce pour son jeune frère en asile (formidable Thomas Daloz). Aussi réaliste soit ce film archi-documenté sur la situation sociale des militaires d’aujourd’hui, ce candidat naturel au prix Jacques Deray 2022 du meilleur polar de l’année se suit avec la fluidité du meilleur cinéma américain des années 70. La révélation d’un cinéaste, le premier grand rôle d’un acteur en pleine maturité. Le film du mois, et assurément un des meilleurs de l’année.

Sentinelle Sud de Mathieu Gérault (Fr, 1h36) avec Niels Schneider, Sofian Khammes, India Hair, Thomas Daloz, Denis Lavant… Sortie le 27 avril.