C’est un peu la suite de 2001, l’Odyssée de l’espace… en mieux ! Les premiers plans d’Alien, 8e passager – des bâtons abstraits qui composent le générique au blanc immaculé des matelas de l’espace du vaisseau Nostromo – y font d’ailleurs volontairement pensé. Ridley Scott a toujours eu une vénération pour Kubrick (Blade Runner contient des plans coupés de Shining et Les Duellistes, son premier film, rappelle Barry Lindon). Dans les années 70, alors que le Nouvel Hollywood fait sa révolution en tournant le dos au cinéma des majors, Scott, déjà vintage, réalise un pur film de studio ! On le traitera de has been et de film daté en son temps (1979)… Il est aujourd’hui considéré à juste titre comme un chef-d’oeuvre de la SF et un monument de la pop culture…

Sigourney Weaver dans son premier rôle. (20th Century Fox)

Ripley était une femme

Le design est exceptionnel (George Lucas peut aller se rhabiller), et la mise en scène, discrètement mobile, a innervé tous les space movies depuis, entre mystère spatial et montée progressive de la tension liée à l’enfermement. Mais l’autre tour de force d’Alien, c’est d’éviter tous les effets spéciaux inutiles pour une peur organique. Les plans concrets sur les premières tentacules ou bébés aliens relèveraient presque du documentaire, ou déjà d’un Cronenberg… Enfin la modernité du propos du futur réalisateur de Thelma et Louise est sidérante : en plus d’avoir des blacks dans son vaisseau Nostromo, Ridley Scott confie l’intelligence de son récit et le rôle principal à Ripley, un personnage épicène incarné par… une femme (Sigourney Weaver et son regard dans les étoiles, pour son premier rôle). Elle sera la seule à même d’affronter l’enfantement monstrueux dont il est question. Et la seule à survivre. C’est ce qui s’appelle un chef-d’oeuvre.

Alien, le 8e passager de Ridley Scott (GB-EU, 1979, 1h57) avec Sigourney Weaver, Tom Skerritt, John Hurt, Harry Dean Stanton, Yaphet Kotto… Dans le cadre de la Rétrospective Ridley Scott à l’Institut Lumière, Lyon 8e.