Le mois de mai sera celui de la création contemporaine ou ne sera pas. A côté des productions inédites de Julie de Philippe Boesmans à Dijon ou Lancelot de Victorien Joncières à Saint-Etienne (à lire dans notre numéro de mai), l’événement musical a bien lieu à l’Opéra de Lyon : le retour de Thierry Escaich, organiste de premier plan et génial improvisateur sur les films muets, pour sa deuxième composition pour la maison lyonnaise. Après l’extraordinaire succès de Claude, sur un livret de Robert Badinter en 2013, Escaich quitte l’univers carcéral et la peine de mort pour l’émancipation féminine inspirée par la musique traditionnelle iranienne.

Contes et légendes de Thierry Escaich

Sa connaissance profonde de l’improvisation musicale lui permet d’intégrer les couleurs et la pratique propres à un certain nombre d’instruments perses, en gardant son attachement pour une musique narrative, portée par un véritable goût pour la dramaturgie qui le distingue de nombre de ses pairs. En plus de mettre en scène une histoire sur trois générations à partir d’un poème perse du XIIe siècle, Shirine transporte donc la musique d’Escaich vers les contes et légendes orientales, dans une imagerie particulièrement cinématographique, non sans éluder le contexte politique de cette princesse chrétienne d’Arménie détournant la malédiction de la mort, réécrite par Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008. Il était déjà auteur lui aussi d’un opéra pour Lyon en 2011, Terre et cendres. Qui a dit que l’opéra était un art du passé ?

Le génie technique de Thierry Escaich à l’orgue sur Game of thrones.


Shirine de Thierry Escaich. Mise en scène Richard Brunel. Du lundi 2 au jeudi 12 mai à 20h (dim 16h) à l’Opéra de Lyon, Lyon 1er. Durée : 1h45 environ. De 10 à 85 €. (lire notre critique)