Vous reve­nez à la musique ancienne avec Tumu­lus. Y trou­vez-vous plus de liberté comme danseur ?

François Chai­gnaud : “Pas forcé­ment, mais c’est vrai qu’il y a plusieurs aspects qui m’in­té­ressent dans le rapport à cette musique. Elle est d’abord assez docu­men­tée, j’ai l’im­pres­sion d’ac­cé­der au corps derrière les parti­tions, même si je ne cherche pas à faire un travail de recons­ti­tu­tion. C’est simple­ment très émou­vant pour moi d’être projeté dans l’in­cons­cient univer­sel d’avant les codes de l’époque clas­sique. Il y a une émotion parti­cu­lière à se sentir très proche de la musique et d’une harmo­nie d’il y a plusieurs siècles.

De ce point de vue, les choses sont plus libres effec­ti­ve­ment. Il n’y a pas de hiérar­chie dans la musique de la Renais­sance. La musique de Josquin qu’on inter­prète à 13 voix avec Geof­froy Jour­dain pour Tumu­lus par exemple est compo­sée de 13 voix singu­lières qui coha­bitent, et non pas d’une voix soliste accom­pa­gnée. Il n’y a pas néces­sai­re­ment d’unis­son, mais il s’agit bien de chan­ter ensemble. C’est une autre forme d’in­ter­pré­ta­tion collec­tive. 

Tumu­lus, le spec­tacle de François Chai­gnaud et Geof­froy Jour­dain.

Pour votre carte blanche à la Maison de la danse, vous avez choisi de prolon­ger Tumu­lus par un caba­ret…

Oui, c’est notre grande exci­ta­tion ! Le caba­ret, c’est une façon de brouiller les codes, de créer des hybri­da­tions, en jouant de son corps de façon très spon­ta­née aussi. C’est a priori le contraire de la musique sacrée, prépa­rée, ritua­li­sée,, sole­nelle, même si elle est costu­mée aussi…

Quand j’ai proposé cette carte blanche aux inter­prètes de Tumu­lus, je pensais avoir un ou deux retours… Tout le monde a voulu se lancer ! Le mélange des genres, c’est toute la beauté du caba­ret. J’es­père que le résul­tat sera à la hauteur de notre exci­ta­tion !

Vous faites aussi une large place à Patri­cia Allio pour votre carte blanche. Quel est son univers ?

François Chai­gnaud : « Je n’ai pas du tout l’ha­bi­tude de program­mer d’autres artistes ! Cette carte blanche était une façon pour moi de rendre visible notre conver­sa­tion et notre amitié. Patri­cia ne vient pas du tout de la danse, mais de la philo­so­phie et du mili­tan­tisme. Elle présen­tera deux pièces.

La première est un dialogue avec sa grand-mère défunte, très intense, qui pose notam­ment des ques­tions poli­tiques autour des iden­ti­tés mino­ri­taires aujourd’­hui. Puis nous montre­rons Brûler pour briller, le film que nous avons fait ensemble pendant le confi­ne­ment et dans lequel j’in­ter­prète un person­nage de reve­nant autour du village de Saint-Jean du Doigt et de la relique de  Saint-Jean Baptiste. Pour renouer avec le lien entre le monde des vivants et celui des morts qu’on trouve aussi dans Tumu­lus.

Cosmo­lo­gies, carte blanche à François Chai­gnaud, artiste asso­cié.

Jeudi 18 janvier : visite du plateau après le spec­tacle Tumu­lus.

Vendredi 19 janvier : rencontre avec François Chai­gnaud à 19h, bord de scène à 21h45, avant et après le spec­tacle Tumu­lus.Samedi 20 janvier à 18h : CinéMad, projec­tion du film de Patri­cia Allio, Brûler pour briller (13 €) avant Tumu­lus. Spec­tacle Auto­por­trait à ma grand-mère de Patri­cia Allio au studio à 18h (entrée libre dans la limite des places dispo­nibles).