C’est une première pour vous de jouer le concerto n°1 de Medtner ?

Florian Noack : “Oui, c’est la première fois que je le mets à mon répertoire, même si Lyon sera la troisième date de la tournée. C’est une œuvre qui me fascine depuis l’âge de 14 ans, le début est absolument génialissime, la forme est étonnante. Medtner, c’est toujours flamboyant ! C’est vraiment un compositeur que j’aime beaucoup, auquel j’avais déjà consacré un disque avec Brahms.

Medtner est un véritable dissident russe avant l’heure. On sent à la fois dans sa musique une ferveur slave et une dimension plus classique, presque occidentale…

Oui, on l’appelait le “Brahms russe”. Ça participe aussi de sa propre histoire. Il est né à Moscou, mais est originaire d’Europe du Nord et terminera sa vie à Londres, pour se consacrer à la composition. On sent effectivement un mélange très particulier des techniques dans sa musique, notamment germaniques. Et cet imaginaire folklorique russe tiré des contes qui déborde en permanence. J’adore cet enchevêtrement !

On appelait Medtner le Brahms russe. On entend dans sa musique l’imaginaire folklorique des contes en même temps que ses origines nordiques.

FLORIAN NOACK
Florian Noack. (photo William Beaucardeet)

Medtner est-il particulièrement difficile à jouer ?

Florian Noack : J’ai eu la chance de découvrir sa musique très jeune. Je m’y suis senti très à l’aise tout de suite ! J’ai donc eu le temps de la pratiquer. C’est complexe mais toujours très expressif, ça tombe toujours très bien sous les doigts ! Quand j’ai commencé, Medtner n’était vraiment pas connu et très peu joué. Aujourd’hui, il y a une renaissance de sa musique, notamment grâce à des pianistes comme Berezovsky ou Trifonov. Tant mieux.

Vous avez toujours l’audace de défendre des répertoires moins joués, c’est de plus en plus rare…

Florian Noack : Merci ! Medtner, c’est grâce à la confiance de l’orchestre de Belgique. On va même l’enregistrer pour en faire un disque ensuite. C’est une chance formidable. J’ai appris le piano très jeune, sans hiérarchie, les compositeurs les plus connus comme les autres. Je suis vraiment allé là où le plaisir me menait. Aujourd’hui par exemple, en travaillant avec Andreas Staier à Cologne où j’habite, je m’ouvre de plus en plus à la musique baroque.

Medtner était aussi un grand pianiste dans les années 30-40. Vous avez déjà entendu ses enregistrements ?

Florian Noack : Pas celui du Premier concerto, mais je crois qu’il existe. Je l’ai entendu dans les sonates en revanche, et même s’il était déjà âgé, on voit quel grand pianiste il était. L’histoire de ces enregistrements est d’ailleurs assez étonnante. Il vivait alors dans une certaine précarité à Londres. C’est en entendant sa sœur jouer sa musique qu’un grand Mahabharata indien l’a découvert et a mis sa fortune au service des enregistrements. C’était déjà du mécénat avant l’heure !”

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