Le deuxième étage du MAC est entièrement consacré à la prolifique artiste japonaise Aya Takano, dans ce qu’on peut considérer comme une rétrospective. L’idée est bienvenue pour qui n’adhère pas immédiatement à la forme graphique d’une créatrice surtout célèbre pour ses mangas.

« C’est trop mignon », s’exclamait un groupe de jeunes filles devant une de ses planches originales de BD. On pourrait être plus mesuré, jusqu’à se demander si Aya Takano ne sait pas trop bien dessiner. Des dessins et des toiles de début de carrière montrent a contrario qu’elle a de la technique, aussi bien dans les portraits que dans le paysage.

Couleurs et découpages comme des valises pour enfants

La première partie de l’expo est mise en espace par un découpage en modules évoquant des valises-jouets pour enfants. Le côté kitch, la structure rose Barbie, conviennent à une œuvre colorée, peuplée de jeunes filles fines comme des lianes avec des yeux noirs à grosses pupilles et de nombreux animaux dont de gentils chiens et des chatons.

Derrière une œuvre-rideau d’au moins cinq mètres s’ouvre une deuxième salle avec des installations plus maritimes (il y a un style japonais pour dessiner les vagues, ses embruns évoquent le graphisme de la fameuse Grande Vague de Kanagawa).

Erotisme implicite du manga

Le travail d’Aya Takano exalterait une idée de liberté, d’amour et d’érotisme (les personnages sont souvent dénudés, mais rien d’explicitement sexuel). Vu d’ici, on se dit que si tel est le message, le Japon vit vraiment dans le corset de mœurs figées.

Si l’on reste froid devant certaines acryliques rappelant la candeur (euphémisme pour dire niaiserie) des « amoureux » de Peynet, on s’intéresse en revanche à l’univers fantastique (catalogué comme « science-fiction ») consubstantiel de l’œuvre de l’artiste.

Elle développe un panthéon original de relations légères, idéales, entre les êtres et les animaux. Les personnages, parfois en lévitation dans les airs, appartiennent à une nouvelle mythologie à venir. « On pourrait dire que la science est le mythe actuel » dit l’artiste, « or la science ne couvre qu’une infime partie de notre mystérieux et infini monde ».

D’où l’intérêt d’une rétrospective, qui relie chaque œuvre à une démarche philosophique.

Vue de l’exposition (@AYA TAKANO/Kaikai Kiki Co., Ltd. All Rights Reserved)