L’adjointe à la culture Natha­lie Perrin-Gilbert l’avait promis : « 2023 sera l’an­née de la photo­gra­phie à Lyon ». Voilà 2024 déjà bien enta­mée et il nous est permis d’en douter. Hormis une expo­si­tion déce­vante consa­crée à l’œuvre de Marc Riboud au musée des Confluences, il manque toujours à la ville un rendez-vous (ou un lieu) d’en­ver­gure pour célé­brer la noblesse du huitième art. Diffi­cile d’en vouloir à qui que ce soit tant, partout, les photo­graphes peinent à vivre de leur art, mena­cés qui par l’in­tel­li­gence arti­fi­cielle, qui par la préca­rité galo­pante.

Fort heureu­se­ment, une poignée de repor­ters locaux bour­rés de talent ont fait le choix d’unir leurs forces et proposent, depuis une ving­taine d’an­nées, des regards singu­liers sur le monde. On connaît bien les travaux du collec­tif item dans leur gale­rie des Pentes – qui va d’ailleurs bien­tôt démé­na­ger rue Burdeau – ou sur le papier glacé des maga­zines.

Des villes du monde entier en photo

Jusqu’à la mi-février, la fine équipe s’ex­porte aux Archives muni­ci­pales avec une nouvelle idée derrière l’objec­tif : compo­ser l’his­toire d’une ville avec des clichés pris par une dizaine de photo­graphes diffé­rents aux quatre coins du monde. À travers une scéno­gra­phie des plus mini­ma­listes, qui évoque la bande d’un film déroulé en néga­tif sur une table blanche, la voyage défile de Johan­nes­burg à Lyon en passant par Bang­kok, Dakar ou Doha. L’exer­cice de street photo est si bien réussi qu’on croi­rait à une histoire fluide, des lumières de la nuit à celles du crépus­cule, avec au passage quelques visages et gestes anodins.

Comme ils sont plutôt sympa, chez Item, ils ont pensé à asso­cier le visi­teur à leur sélec­tion géante. Des quelques boîtes en cartons qui trônent au milieu de la pièce, on peut se saisir des tirages (dont quelques inédits pas affi­chés au mur) et créer soi-même sa propre histoire. Un seul risque : attra­per le virus du voyage, ou se jeter sur le premier appa­reil photo venu, et se prendre pour un photo­graphe. Mais après tout, Lyon manque d’ima­ges…

Comm(e)une ville, expo­si­tion de photo­gra­phies par le collec­tif Item. Jusqu’au vendredi 16 février. Du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 13h à 17h (fermé le lundi matin) aux Archives Muni­ci­pales, Lyon 2e. Entrée libre. collec­ti­fi­tem.com