Que vaut vrai­ment le nouveau musée sur l’His­toire de Lyon ?

De l’his­toire de Lyon, il ne reste a priori pas grand-chose dans le nouveau parcours des musées Gadagne. A peine une planche de BD pour l’his­toire romaine, et quelques objets symbo­liques pour apâter le touriste dans une première salle assez désarçon­nante. De la tradi­tion, faisons table rase : un Guignol, un pot du Café des Fédé­ra­tions, un maillot de l’OL, une basket Adidas et quelques clés… On ne peut pas dire que l’his­toire clas­sique d’avant l’ère indus­trielle encombre le parcours…

Un musée de l’His­toire de Lyon attrape-touristes ?

Le début du musée a surtout été mal pensé, avec très peu d’oeuvres, quelques attrape-touristes et une carte grand format vrai­ment cheap qui sert avant tout de support aux vidéos mises à hauteur d’en­fant. Car c’est avant tout ce qui frappe dans ce nouveau Musée de l’His­toire de Lyon : rajeu­nir les visi­teurs, en s’adres­sant avant tout au jeune public, qui devrait large­ment y trou­ver son comp­te… jusqu’à se faire prendre en photo dans « son » portrait de Lyon dans un cadre à l’an­cienne en fin de parcours.

Le nouveau MHL s’adresse d’au­tant plus aux jeunes géné­ra­tions que les trois étages de son parcours, plus des deux tiers des salles cont consa­crées à l’his­toire récente de Lyon, et parti­cu­liè­re­ment aux luttes sociales pour l’éga­lité, actions citoyennes, « luttes ouvrières » ou « archives mili­tantes« . L’es­sen­tiel du parcours se compose d’ailleurs de tracts assez inédits d’ap­pels à la contes­ta­tion et à la reven­di­ca­tion des droits, qu’on aurait pu en son temps trou­ver dans le fonds Michel Choma­rat à la Biblio­thèque, consa­cré aux margi­na­li­tés.

Un écomu­sée engagé à gauche toute

L’his­toire du « métis­sage« , des « mémoires » des habi­tants puis des enjeux écolo­giques se déploie de façon très claire, comme si Gadagne se voulait désor­mais un « écomu­sée » engagé à gauche, favo­ri­sant les contre-pouvoirs et les actions citoyennes contre toutes les formes d’his­toire insti­tu­tion­nelle, jusqu’au « drapeau noir » de la rébel­lion, et la très belle fresque récem­ment ajou­tée d’Olivia Paroldi.

C’est parfai­te­ment légi­time même si ça n’a pas eu l’heur de plaire à Madame Figaro, encore plus éclai­rant quand il s’agit du fémi­nisme. Et l’ins­tal­la­tion dédiée à l’éco­lo­gie et à la pollu­tion, très bien mise en scène, ne devrait pas manquer de trou­ver un écho chez les jeunes géné­ra­tions.

Un musée de l’his­toire récente de Lyon pour le jeune public

C’est un peu plus problé­ma­tique quand il s’agit d’abor­der l’His­toire clas­sique, ou plutôt de l’évi­ter. Notam­ment dans la dernière salle consa­cré aux « gens de pouvoir » dont on ne sait trop ce qu’il prétend recou­vrir. Là encore, ce sont les vidéos à hauteur d’en­fants qui consti­tuent l’es­sen­tiel du parcours. Et le dernier portrait de l’expo coincé contre l’as­cen­seur – visi­ble­ment du XIXe siècle – n’est même pas signa­lé… Seules les anciennes salles du Rhône et de la Saône vous ratta­che­ront avec le Lyon d’an­tan.

Avant tout musée de l’his­toire récente de Lyon, se concen­trant sur les évolu­tions sociales de la popu­la­tion et de l’en­vi­ron­ne­ment sur les quarante dernières années, ce MHL a au moins le mérite de révi­ser l’his­toire de la ville à l’aune des convic­tions muni­ci­pales d’aujourd’­hui. On verra ce qu’il en advient après 2026, mais pourquoi pas. Il en était bien de même hier, avec d’autres convic­tions, plus conser­va­tri­ces…

Reste qu’il méri­te­rait de travailler un peu mieux la partie clas­sique pour les adultes, véri­ta­ble­ment expé­diée, pour ne pas renou­ve­ler une lecture de l’his­toire jusqu’à deve­nir amné­sique. Une salle vide quand on quitte l’ex­po­si­tion n’at­tend que ce petit rééqui­li­brage pour convaincre les adultes – très peu nombreux le jour de notre visite – autant que les enfants.

MHL, Musée dHis­toire de Lyon à Gadagne, Lyon 5e. Nouveau parcours Lyon­naises, Lyon­nais !

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