Avec Plaire, aimer et courir vite, Chris­tophe Honoré signait son film-somme. Il est l’in­vité d’hon­neur du festi­val LGBT Ecrans mixtes, avec une inté­grale et une master-class en prime.

Il y aura donc eu deux très beaux films français sur les amours homo­­sexuelles au temps du sida des années quatre-vingt-dix : 120 batte­­ments par minute de Robin Campillo et le plus beau film de Chris­tophe Honoré, Plaire, aimer et courir vite, dans lequel il fait se rejoindre tous ses amours : char­nels, ciné­ma­to­gra­phiques (Truf­faut) et musi­caux (mais cette fois sans Alex Beau­pain, à qui Les Chan­sons d’amour doivent beau­coup).

Intime et rétros­pec­tif, comme un mélo distan­cié, Plaire, aimer et courir vite s’en­vole vers une tendresse incon­­nue jusqu’a­­lors du cinéma d’Ho­­noré. Sans doute grâce à la présence de trois nouveaux acteurs dans sa filmo : Pierre Dela­don­champs, Vincent Lacoste (avec qui il a tourné le joli Chambre 212 ensuite) et Denis Poda­ly­dès, excep­tion­nel en second rôle assis­tant les amants.

Trois nouveaux visages pour trois âges de l’ho­­mo­­sexua­­lité: le jeune homo­­sexuel qui se ment encore un peu à lui-même, le voisin plus dévoué à son ami qu’à sa propre cause, et l’écri­­vain malade du sida qui bute contre une mort annon­­cée.

Vincent Lacoste et Pierre Deladonchamps au cinéma dans Plaire, aimer et courir vite.
Plaire, aimer et courir vite, le plus beau film de Chris­tophe Honoré.

Plaire, aimer et courir vite, mélo tendre et drôle au temps du Sida

Voler des instants tant qu’il est encore temps, c’est le beau projet de ce mélo souvent drôle, ne gros­­sis­sant jamais les senti­­ments de ses person­­nages, étrei­­gnant les instants les plus simples d’une vie. Le fantôme cares­­sant d’un amour aimé reve­­nant à la surface dans une baignoire, des larmes tues sur Anne Sylvestre dans une voiture, ou encore la dignité des derniers instants d’ami­­tié dans une dernière scène boule­­ver­­sante au-delà des mots…

Dans une forme ciné­­ma­­to­­gra­­phique plus ambi­­tieuse qu’à l’ac­­cou­­tu­­mée, Honoré aura filmé la plus douce des tendresses chez des person­­nages prenant, l’air de rien, plus soin des autres que d’eux-mêmes, chacun touché en plein cœur par ce renon­­ce­­ment doulou­­reux d’être encore vivant en ne pouvant plus tout à fait vivre sa vie. Le plus beau film d’un cinéaste qui quit­tait enfin le dolo­risme et l’hys­té­rie d’un certain nombre d’autres de ces films… à redé­cou­vrir pendant cette rétros­pec­tive, si vous en avez le coura­ge… On vous conseille avant tout Les Chan­sons d’amour et Chambre 212.

Heureu­se­ment, Chris­tophe Honoré reste un regard quand il ne filme pas et a choisi deux bijoux pour sa carte blanche : le trop peu connu Keep the lights on d’Ira Sachs – le réali­sa­teur du sublime Brook­lyn village dont on espère un jour la venue à Ecrans mixtes – et un chef-d’oeuvre érotique sur la soli­tude contem­po­raine : La Rivière du Tsaï Ming-Liang. En plus d’une décou­verte de taille lors du festi­val : la première rétros­pec­tive consa­crée en France à Terence Davies, cinéaste gay auto­di­dacte pétri de la culture ouvrière de sa ville natale, Liver­pool, et dont on avait adoré notam­ment The Deep blue sea. La 13e édition d’Ecrans mixtes sera mélo­dra­ma­tique ou ne sera pas…

13e édition du festi­val Ecrans mixtes. Du mercredi 1er au jeudi 9 mars à Lyon et dans toute la Métro­pole (mais pas à Saint-Genis Laval, la mairie en ayant refusé la tenue).

Rétros­pec­tive Chris­tophe Honoré en 7 films (+ Master class et carte blanche).

Ouver­ture : Les Chan­sons d’amour en présence de Chris­tophe Honoré mercredi 1er mars au cinéma Comoe­dia, Lyon 7e.

Plaire, aimer et courir vite en présence de Chris­tophe Honoré vendredi 3 mars à 19h30 au Pathé Belle­cour, Lyon 2e.