Elle a déjà un mois de retard, et on plaint déjà la fine équipe des Nuits de Four­vière de devoir la suppor­ter : elle devait créer le Vertige Mari­lyn sur Mari­lyn Monroe (seule en scène, bien sûr), le 19 juin dernier à l’Odéon sur la colline de Four­vière. Avec son profes­sion­na­lisme coutu­mier depuis déjà pas mal d’an­nées (elle stresse, elle est sensible), elle a repoussé d’un mois, dans un lieu fermé et plus petit (problème de billet­te­rie ?) : le Radiant-Belle­vue, coura­geux…

Si jamais elle vient… Car voilà des années que la grande Isabelle Adjani (à quand remonte son dernier bon film ?) fait ses caprices, y compris au cinéma, refu­sant les bons rôles (Huit femmes de François Ozon), et plan­tant les projets d’ar­tistes talen­tueux : même Alexandre Astier avec David et Madame Hansen a signé son plus mauvais film avec elle…

Isabelle Adjani avec Denis Méno­chet dans Peter Von Kant de François Ozon en 2022.

Margot, reine déchue

La géniale Florence Foresti – qui elle, a assuré toutes ses dates à guichets fermés aux Nuits de Four­vière – l’avait épin­glée d’un “je ne suis pas folle vous savez”, paro­die irré­sis­tible de la star éper­due dans sa folie compo­sée. On préfé­rait encore quand elle était folle, à ses débuts : au moins elle faisait des bons films (Posses­sion de Zulawski ou Mortelle randon­née de Claude Miller). Depuis, elle fait des grands discours aux Césars ou à Cannes, vient voilée d’un loup à la télé pour “montrer tout ce qu’elle veut cacher”, même si ses mains creu­sées trahissent le temps perdu qu’elle a essayé de rattra­per sur son visa­ge…

La Reine Margot a déjà 30 ans (1994) et elle plante tout le monde à chaque fois qu’elle donne un rendez-vous. A part le fisc : elle sera jugée en octobre pour « fraude fiscale et blan­chi­ment ». Elle n’est plus folle du tout, elle est juste pas fiable. Et si être une star c’était faire attendre tout le monde, elle n’au­rait même plus besoin de tour­ner. 20 ans d’ac­ti­vité (1974–1994) pour 30 ans d’ater­moie­ments, le ratio risque d’être encore pire au théâtre : jusqu’ici, elle s’est pris pour le Vertige Mari­lyn qu’une seule fois à Pleyel. A peine montée sur scène, déjà dispa­rue… Il ne manque­rait plus qu’elle ne vienne pas, et elle rede­vien­drait la star la plus évanes­cente de son temps.

Isabelle Adjani dans Le Vertige Mari­lyn. Mise en scène Olivier Stei­ner. Jeudi 20 et vendredi 21 juillet à 20h30 au Radiant-Belle­vue à Caluire, dans le cadre des Nuits de Four­vière. 41 €.