Faut-il séparer le corps de l’homme du corps du roi ? Juste avant son très sanguinaire Richard III, Shakespeare publiait son autre Richard, diamétralement opposé : Richard II, roi dit faible, passif, et pourtant tout aussi souverain. Une étude de l’âme subtile à l’empathie profonde, sorte de pièce politique individuelle sur l’anti-pouvoir.

Micha Lescot en Richard II, mise en scène Christophe Rauck. (photos Géraldine Aresteanu)

Pièce rarement jouée (on se souvient d’une très belle production d’Avignon avec Denis Podalydès), c’est le très précieux Micha Lescot qui lui prête ici son élégance interlope et son allure dégingandée, dans un théâtre (sur scène) aussi vide que son intérêt pour le pouvoir. La face humaniste de Shakespeare, dont on n’a jamais fini de déceler les ambiguïtés. Avec un comédien pas comme les autres, que vous avez pu apercevoir aussi récemment au cinéma dans Les Amandiers de Valeria-Bruni Tedeschi ou Jeanne du Barry de Maïwenn. Immanquable.