Le TNP ouvre sa saison en repre­nant pour la première fois à Lyon Tempête sous un Crâne. Une pièce magis­trale mis en scène par Jean Bello­rini, le direc­teur de la maison villeur­ban­naise, qui nous avait déjà réjoui avec Le Suicidé en début d’an­née. Dix ans après sa créa­tion au Théâtre du Soleil, voici la complexité humaine des Misé­rables de Victor Hugo adap­tée pour la scène en Tempête sous un crâne, du nom d’un chapitre du livre. Un choix lié à la volonté « de mettre en valeur le réper­toire » comme il nous l’ex­pliquait dans notre entre­tien avec lui il y a quelques semaines. L’adap­ta­tion fait la part belle au verbe hugo­lien, à la poésie de l’écri­ture, sans jamais perdre de vue la dimen­sion épique du texte d’ori­gine.

Les Misé­rables de Victor Hugo raconté au théâtre

Les Misé­rables en musique (photos : J. Pari­sot / TNP)


Marius, Cosette, Jean Valjean, Fantine, ils sont tous là. Des person­nages que tout le
monde connaît et qui font telle­ment partie du réper­toire natio­nal qu’ils en sont deve­nus
des arché­types. En partant de ce prin­cipe, la mise en scène s’éloigne de l’in­ter­pré­ta­tion
pure pour lorgner du côté du conte, y compris en musique. Comme déjà dans Onéguine, les cinq comé­diens sont tout à la fois person­nages et narra­teurs de l’his­toire, jouant sur cette fron­tière non sans humour.

Conte d’aujourd’­hui et punchlines de Victor Hugo

Malgré quelques coupes dans le texte (heureu­se­ment car le spec­tacle dure déjà 3h30),
on retrouve la progres­sion du roman, jusqu’à la barri­cade finale de 1832. Les décors sont
mini­ma­listes, parfois anachro­niques, ce qui laisse la liberté au spec­ta­teur de faire son
propre théâtre dans sa tête et d’ima­gi­ner une trans­po­si­tion de l’ac­tion dans une époque
plus contem­po­raine.

Car l’œuvre de Victor Hugo est encore terri­ble­ment actuelle. On en veut pour preuve sa
maîtrise de la punchline dont les comé­diens s’en­ivrent avec jubi­la­tion: « Il y a un spec­tacle
plus grand que la mer, c’est le ciel ; il y a un spec­tacle plus grand que le ciel, c’est
l’in­té­rieur de l’âme 
 ». Assu­ré­ment, Tempête sous un crâne est aussi un grand spec­tacle.


Tempête sous un crâne, d’après Victor Hugo, mise en scène de Jean Bello­rini. Adap­ta­tion de Camille de la Guillo­nière et Jean Bello­rini. Créa­tion musi­cale Céline Ottria. Jusqu’au 30 septembre à 19h (dim 15h) au TNP à Villeur­banne, petit théâtre salle Jean Bouise. De 7 € à 25 € .