De plus en plus inspiré depuis Plaire, aimer et courir vite en 2018, Christophe Honoré revisitait le genre du vaudeville l’année suivante, à travers la grâce de Charia Mastroianni : Chambre 212 lui vaudra le prix d’interprétation dans la section Un certain regard à Cannes.

Elle y trompe son mari (Benjamin Biolay) avec… son mari, plus jeune (Vincent Lacoste), dans la chambre d’en face, en clin d’oeil à l’article 212 du code civil du titre. Les amants étudiants de cette prof de fac ne vont pas tarder de défiler avec des répliques savoureuses de comédie amoureuse comme : “ Dans le sexe à trois, je ne sais jamais où me mettre”…

Benjamin Biolay et Camille Cottin, en chantant. (photos Jean-Louis Fernandez).

Benjamin Biolay et Vincent Lacoste épatants

Mais on est plus chez Alain Resnais que chez Sasha Guitry : peu de tromperies et de mensonges ici : la belle Maria est au contraire à un moment de vérité sa vie, et le film recompose son théâtre intime dans le temps en forme de huis-clos lumineux (superbe photo de Rémy Chevrin), inventant une forme de comédie romantique à la française gracieuse et originale, bercée des plus belles musiques, de Scarlatti à The Rapture (même Camille Cottin chante bien).

Voir Benjamin Biolay, enfin épatant, faire la lessive en mari dévoué est un plaisir de fin gourmet, et Vincent Lacoste trouve une suite sensuelle à son personnage de Plaire, aimer et courir vite, déjà empreint de comédie, autour des valeurs cardinales du cinéma sentimental selon Honoré : “humour, loyauté, désir, partage”. Le film se joue de la vie de couple en toute liberté, jusqu’à un mariage à quatre des plus savoureux, pour conclure ce beau rêve amoureux. “C’est dans le passé que peut resurgir l’assurance d’un amour”… C’est l’occasion de croquer (à nouveau) volontiers dans cette madeleine de Proust.

Chambre 212 de Christophe Honoré (2019, Fr, 1h26) avec Chiara Mastroianni, Vincent Lacoste, Benjamin Biolay, Camille Cottin…