C’est ce qui s’appelle un film extra-chiant : Catherine Deneuve est vraiment extra, mais le film est vraiment chiant. Elle règne sans partage, l’ensemble des autres comédiens étant renvoyés au rang de subalternes, à l’exception de Juliette Binoche, pour quelques rares scènes. Ils se pressent autour d’elle pour la publication des mémoires de cette « grande actrice » à l’occasion de son nouveau tournage (quelle imagination !).

Quand Catherine Deneuve joue « Fabienne Dangeville »…

Mais qui peut croire une seconde que Deneuve elle-même incarne « Fabienne Dangeville », la plus grande comédienne française ? Le jeu de rôle ne tient pas, et le reste du film se résume assez vite à une laborieuse mise en abîme du film dans le film. La “langue de vipère” mordante et drôle de la grande Catherine se dissout rapidement dans un discours assez vaseux autour de “La Vérité” que cette actrice ne voudrait pas dire, même dans son livre, quitte à négliger sa fille… La pauvre.

Catherine Deneuve et Juliette Binoche pour la première fois réunies dans un film français…

Le premier film français du Japonais Kore-Eda

Rassurez-vous, tout finira bien, mais pour son premier film français, le réalisateur japonais Kore-Eda a bien du mal à greffer la poésie et la subtilité habituelle de ses portraits de famille. Le star-system est ici par trop encombrant pour produire une véritable fiction . Tout le monde joue gentiment au jeu de cet énième cinéma d’auteur mondialisé.

La faute au producteur français du Pacte avait déjà sorti à peu près en même temps Fête de famille de de Cédric Kahn, déjà avec Deneuve . Certes, dans La Vérité, la partition de la grande Catherine est plus ample. Elle la tient parfaitement de bout en bout, mais le rôle s’avère plus encombrant qu’intéressant, faute de la mettre davantage à nu ou de produire la moindre réflexion sur le cinéma. Un tout-à-l’égo assez improductif.


La Vérité de Kore-Eda Hirokazu (2019, Fr, 1h46) avec Catherine Deneuve, Juliette Binoche, Ethan Hawke… Lundi 16 octobre à 21h10 puis en replay sur France 3.