« Quand t’y penses vraiment, la réalité, la fiction, tout est inversé en fait… » Voilà la morale, aussi balourde qu’un discours de remise aux Césars, du dernier Quentin Dupieux. On commence à connaître le procédé, systématique et donc assez paresseux, de couper ou d’interférer dans chaque scène tôt ou tard par une mise en abîme.

Un Quentin Dupieux de troisième zone…

Léa Seydoux et Vincent Lindon dans Le Deuxième Acte.

Ici, voici donc quatre acteurs et un figurant dans un tournage « bien gonflant » (pas que pour eux), d’un mauvais film (bien français), dans le bar du Deuxième Acte, perdu au milieu de nulle part, mais assez design pour faire film d’auteur… Quentin Dupieux fait donc bavasser en de longs plans séquences ses comédiens deux par deux, en alignant tous les clichés du temps (bi, trans, gay à moustache, figurant méprisé, problème de budget, intelligence artificielle, on en passe)… dont il ne fera strictement rien.

Au jeu de qui va être le plus insupportable dans cette satire aigrie, seul Louis Garrel parvient à incarner un véritable personnage à la marge, acteur toujours aussi impressionnant quand il s’agit de composer. C’est aussi le seul à garder une trace d’humour dans un film beaucoup trop contrôlé, se prenant beaucoup trop au sérieux pour être drôle, finissant de la façon la plus convenue en énième drame existentiel.

Louis Garrel, « voiture hybride » de la bisexualité…

On regrette que Le Deuxième acte ne s’autorise pas plus de dérapages comme celui de la blague pour comparer la voiture hybride qui pollue ou pas à la bisexualité de David alias Louis GarrelVincent Lindon et Léa Seydoux restent d’un premier degré atterrant, incompatible avec les chausses-trappes qu’induit le cinéma de Dupieux, même quand il est à son plus bas… C’est sans doute une des raisons qui rendent Le Deuxième Acte aussi ennuyeux en plus de son manque d’originalité et de simplicité.

Tout paraît duplice et artificiel au milieu de ses bavardages incessants où chacun fait semblant de faire semblant… Seul le travelling final en musique – inversé bien entendu – nous rappelle que Quentin Dupieux dont on aimait beaucoup les derniers films, reste un cinéaste à suivre, quand il voudra bien un peu dégonfler de sa montée des marches cannoise…

Le Deuxième Acte de Quentin Dupieux (Fr, 1h20) avec Louis Garrel, Léa Seydoux, Vincent Lindon, Raphaël Quenard, Manuel Guillot… Sortie le 15 mai.

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