Comment on l’ap­pelle ? « Le mangeur d’âmes« … Vous enten­drez à peu près dix fois cette réplique dans cette adap­ta­tion sans scéna­rio du Mangeur d’âmes, le polar d’Alexis Laips­ker, qui passe son temps à faire trois fois le tour de la forêt des Vosges… sans jamais parve­nir à instal­ler un suspens de thril­ler.

Même l’enquê­teur semble tota­le­ment paumé en faisant son jogging au début (Paul Hamy, qui fait ce qu’il peut, surtout au retour­ne­ment final). Avant de croi­ser comme par hasard un comman­dant qui est une comman­dante (Virgi­nie Ledoyen, raide et tout de noir vêtue, seul inté­rêt du film), vraie-fausse rivale de l’enquête.

Virgi­nie Ledoyen contre Paul Hamy

Virgi­nie Ledoyen et Paul Hamy, perdus dans les Vosges.

Cette pseudo « guerre des polices » aura l’in­ten­sité d’une pastille La Vosgienne tant on ne comprend stric­te­ment rien à ce couple qui se met sans raison à s’en­tre­tuer à la four­chette au petit-déjeu­ner, avant que des enfants appa­raissent et dispa­raissent un coup dans la cave, un coup dans la forêt, en fonc­tion d’un scéna­rio qui navigue tota­le­ment à vue.

Sandrine Bonnaire et Malik Zidi en sur-casting

La capuche à cornes du Mangeur d’âmes.

C’est d’au­tant plus dommage que la légende médié­vale d’un Mangeur d’âmes pour servir d’exu­toire aux enfants maltrai­tés aurait pu faire un motif parfait de thril­ler psycho­lo­gique. Malheu­reu­se­ment, rien n’est crédible ici. Sandrine Bonnaire semble avoir accepté son rôle de pédo-psychiatre pati­bu­laire par charité, et Malik Zidi met sa capuche à cornes de temps en temps pour jouer au monstre, avant de l’en­le­ver alors que tout le monde l’avait déjà recon­nu…

Venus du cinéma d’hor­reur, Julien Maury et Alexandre Bustillo tentent une ou deux incur­sions sangui­no­lentes, tandis qu’un méchant catho­lique écoute du Wagner pour commettre ses exac­tions du péché… Les clichés cligno­tants sont partout, mais l’ab­sence de base drama­tique finit par être fatale à cet exer­cice de style beau­coup trop réaliste pour trans­mettre la dimen­sion fantas­tique et perverse du roman. Un peu comme si un épisode de l’ins­pec­teur Derrick avait tenté un remake d’un film fantas­tique de John Carpen­ter. Deux réali­sa­teurs (et deux scéna­ristes, mais pas l’au­teur du livre) pour une adap­ta­tion tota­le­ment ratée.

Le Mangeur d’âmes de Julien Maury et Alexandre Bustillo, scéna­rio d’An­ne­lyse Batrel et Ludo­vic Lefèbvre (Fr, 1h50) avec Virgi­nie Ledoyen, Paul Hamy, Malik Zidi, Fran­cis Renaud, Sandrine Bonnai­re… Sortie le 24 avril. Film projeté en avant-première aux Quais du polar.

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