Après Ce Sentiment de l’été et Amanda avec Vincent Lacoste, Mickaël Hers poursuit son travail cinématographique tout en délicatesse avec son premier film d’époque, en partie autobiographique. Toujours à cheval entre les générations après la petite fille d’Amanda, il mêle cette fois l’histoire d’une mère et de ses deux enfants aux archives des années 80, entre deux votes.

Rohmer et Rivette, les passagers de la nuit

Celui du 10 mai 81 qui ouvre le film, et mai 88 qui le referme (sans jamais citer Mitterrand). Enfant des années 80, Mickaël Hers réalise donc en quelque sorte son autobiographie rêvée, au milieu des cinéastes qu’il aime qui viennent peupler son écran d’aujourd’hui, comme Eric Rohmer ou Jacques Rivette.

Elisabeth/Charlotte Gainsbourg débutant son rôle d’assistante de l’émission nocturne de Wanda alias Emmanuelle Béart.

Charlotte Gainsbourg comme à la radio

Le personnage de Charlotte Gainsbourg est de toute beauté, mère d’un seul amour qui n’a jamais travaillé, devenant l’assistante de l’émission nocturne de Macha Béranger (ici Emmanuelle Béart en Wanda buvant son whisky la nuit, contrairement à la véritable Macha). Quelle que soit l’époque, Hers a toujours un don pour filmer les relations intra-familiales de celles et ceux qui s’aiment beaucoup sans trop se parler, comme les rencontres amoureuses… Qu’elles réussissent (formidable Thibault Vinçon, amant fabuleux des bibliothèques), ou qu’elles manquent (Noée Abita en fille perdue au coeur gros, nouvelle Pascale Ogier des Nuits de la pleine lune).

L’intimité qu’il fait naître sous nos yeux nous touche toujours autant, même si le contexte social de cette reconstitution contrainte autour du Paris de Radio France et des bibliothèques, s’avère plus convenu. Reste le parcours d’un jeune homme réservé et charismatique, Quito Rayon Richter en fils de Charlotte, comme un double junior du réalisateur, qu’on a plaisir à découvrir à l’écran.


Les Passagers de la nuit de Mickaël Hers (Fr, 1h51) avec Charlotte Gainsbourg, Quito Rayon Richter, Megan Northam, Noée Abita, Thibault Vinçon, Emmanuelle Béart, Didier Sandre… Disponible en replay gratuit sur Arte jusqu’au 11 avril.

Quito Rayon Richter et Noée Abita.