Il parle un italien parfait et il a bien raison de s’amuser. Dans Caravaggio, Louis Garrel se fait appeler « Son Excellence ». Au vu de son galbe caravagesque, on le comprend. Inquisiteur (fictif), seul personnage intéressant du film, il enquête dans les milieux mal famés sur le mystère et les moeurs d’un artiste hors normes. Malheureusement, ce n’est pas le cas du réalisateur, même si Michele Placido rêvait de faire son Caravaggio depuis 50 ans…
Huppert, elle, en marquise de Colonna aux « moeurs lascives« , a dû être doublée en italien, mais malheureusement pas dans la scène gênante où elle se retrouve « sous » Caravaggio, plus proche du bon vieux porno soft de M6 que de Nagisa Oshima… Elle sait quand même reconnaître un cheval qui arrive (« C’est quoi ? Un cheval ? » (sic)), et quitte à tourner à l’étranger, voyage toujours avec sa fille, Lolita Chammah, perdue dans une rue à Rome ou à Naples (on s’y perd)…
Isabelle Huppert voyage en Italie
Le reste n’est qu’une suite de bondieuseries et copulations, attifés comme à la kermesse, au milieu de la fange en clair-obscur, des prisons aux ruelles à prostituées. S’il suffisait d’éclairer à la bougie pour se prendre pour Le Caravage, Michele Placido serait exposé dans les musées. Même en lui laissant les fesses à l’air au milieu des fourrures, il parvient à enlaidir Riccardo Scamarcio dans le rôle-titre, avec ses bouclettes qui lui tombent sur l’oeil. Et réussit quand même à ne pas montrer un seul éphèbe dans les tableaux du Caravage, ce qui reviendrait à chercher une photo d’Arielle Dombasle où elle n’est pas blonde…
Ce nanar historique se termine par un face à face entre l’Inquisiteur et l’artiste dans une prison à la Fort Boyard entourée d’eau. On verra même Louis Garrel prendre une sainte colère sous sa cape. Il terminera le film comme il n’aurait jamais dû cesser d’être : tout seul.
Caravaggio de Michele Placido (L’Ombra di Caravaggio, It, 2022, 1h50) avec Riccardo Scamarcio, Louis Garrel, Isabelle Huppert… Disponible en VOD et sur Canal Plus.
