On vit dans un pays formidable. Le Président de la Cour des comptes qui dans son rapport qui vient de sortir enjoint le CNC de réviser ses aides à la baisse, faire un audit et mieux gérer – en clair, arrêter les frais – n’est autre que Pierre Moscovici, le pire chantre de la dépense publique et des augmentations sous l’ère Hollande…

Reste que ledit rapport a été réalisé sur 10 ans et dit beaucoup de vérités qu’on connaissait déjà, mais qui se sont aggravées :

  • surabondance de l’offre de films” : 240 films français produits en 2019, contre 172 en 2001, soit + 40% (ça a empiré depuis)
  • un tiers des films français font moins de 20 000 spectateurs. En 1019, donc avant le Covid (ça a empiré depuis)

La Cour en déduit par euphémisme : “L’efficacité marginale du système d’aides au cinéma semble donc décroître, ce qui remet en question la poursuite de l’augmentation continue du nombre de films aidés.

En clair, on produit de plus en plus mal des films de plus en plus nombreux qui ne sont vus par personne. On ne prendra qu’un exemple, qui date de mercredi dernier : Les Secrets de la Princesse de Cadignan d’Arielle Dombasle a réalisé 5335 entrées France en première semaine, après avoir fait tout le tour des popotes médiatiques et en sortant y compris dans les multiplexes. Le public doit avoir bien plus mauvais goût que Léa Salamé

La charité pour Arielle Dombasle

Heureusement, Pierre Moscovici a toujours eu bon fond et tente de sauver la face de notre cher pays en notant que “le nombre de films français primés dans des festivals est ainsi porté à l’actif de la politique française de soutien”. Les Français parlent aux Français, le festival de Cannes aux Césars et inversement…

Ça s’appelle au mieux de l’auto-persuasion, plus souvent de l’entre-soi. Et les 40% de part de marché des films français les années de grand vent ne correspondent évidemment pas à la frange art et essai la plus soutenue financièrement, malheureusement la moins regardée.

Anatomie d’une chute… du cinéma français

Restent de belles exceptions, comme La Nuit du 12 ou L’Innocent l’an dernier, et la palme d’Or millionnaire de Justine Triet, Anatomie d’une chute, dont le titre pourrait à lui tout seul résumer l’état du cinéma art et essai français. Comme quoi l’originalité prime en salles et le public reste sensible à des propositions singulières.

Mais malheureusement ces exceptions devraient le rester : dans sa réponse au rapport de la Cour des comptes, la Ministre de la Culture Rima Abdul-Malak vient d’enterrer dans les grandes largeurs la moindre velléité de reprise en main d’attribution des aides, en refusant toute action immédiate pour appeler à une large concertation du secteur. On a déjà une petite idée du retour : rendez-vous l’année prochaine !