Avec son air renfrogné sur elle-même et son regard noir à guetter le moindre mot de travers à reprendre dès qu’on lui adresse la parole, on est content de jamais avoir eu à croiser Christine Angot. Nous aussi
comme toute sa famille, on se serait sans doute pris une de ses flèches acérées… Elle en a “marre” de parler de son histoire comme elle le dit à plusieurs reprises dans Une famille. Si le film est souvent beau et même émouvant quand il s’agit d’évoquer l’inceste et ses tabous, le personnage médiatique de la reine Christine peut quand même être un peu agaçant…

Une famille mono-nucléaire

Dans Une famille, si on la voit démonter le système Ardisson en une séquence cinglante, on la voit aussi s’écouter – beaucoup – et se regarder écrire. Christine nous présente son bureau, Christine téléphone, Christine tapote (très vite) sur son ordinateur… Christine écoute même les critiques du Masque et la plume, au bon moment : pile quand ils sont en train de dire que c’est un “grand écrivain”…

Avant de demander à son ex-mari ce que ça lui a fait quand elle a reçu le prix Médicis… C’est beau le montage au cinéma, même dans un documentaire… Dans Une famille, on est parfois loin des tabous de l’inceste et assez près d’un ego trip. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le besoin de reconnaissance de Christine Angot est manifestement impossible à rassasier. Et lorsqu’elle filme les autres membres de sa « famille« , c’est toujours pour rester au centre du plan et de la discussion.

La séquence de Christine Angot chez Thierry Ardisson, citée dans Une famille.

Christine Angot, le surmoi et le je

C’est d’ailleurs assez étonnant – notamment vue la belle relation qu’elle a tissée avec son ex-mari Claude Chastagner – magnifique dans le film – que Christine Angot s’appelle encore Angot. Là où aurait pu prendre le nom de son mari aimé ou n’importe quel autre, elle aura donc choisi de garder le nom de ce père incestueux qui l’a tant fait souffrir, comme une façon de ne pas tourner la page. Sujet Angot aime encore quand même bien rester un objet médiatique très identifié. D’ailleurs, lorsqu’on lui demande pourquoi elle n’a pas changé de nom sur un des nombreux plateaux où elle était invitée pour la promo de son film, elle a cette réponse étrange : “ça ne me concerne pas” (au 28 minutes d’Arte). Ce sera bien la seule fois qu’elle aura éludé une occasion de parler d’elle.


Une famille de et avec Christine Angot (Fr, 1h22). Documentaire sur Christine Angot.

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