C’est rare qu’on n’ait pas une minute de répit dans un film. A fortiori dans un navet. Dès le départ, on sent que ce ne sera pas crédible. On découvre Louane/Marie-Line, les menottes aux poignets, prenant six mois de sursis parce que… son copain beau et gentil comme Victor Belmondo n’a pas voulu l’em­bras­ser. Bon.

Louane cheveux rose derrière la vitre au tribunal.
Ça commence mal pour Marie-Line…

Dommage : c’était son Jules, il voulait deve­nir cinéaste et aimait regar­der les films de Truf­faut (Jules et Jim bien entendu, c’est pas une blague). Comme elle pense qu’il s’agit des jardi­ne­ries, la première réplique qui tue tombe au tribu­nal : « C’est quand même pas ma faute si je connais pas Truf­faut ! »

Problème : c’est pas la nôtre non plus si on va être obligé de se colti­ner ce genre de dialogues à l’em­porte-pièce tout du long… et les situa­tions itou. Entre Twingo rose défon­cée, père dépres­sif, voisine en chimio et soeu­rette lesbienne qui deale en Peugeot 205 cabrio­let au Havre, on aura bien compris que Marie-Line n’a que ses cheveux pour voir la vie en… rose. Jusqu’à manger des chocos de sous-marque discount au cas où par mégarde les scéna­ristes nous aient lais­ser une seule chance d’échap­per au misé­ra­bi­lisme.

Louane cheveux rose et Victor Belmondo sourire chemise bleue jardin.
Marie-Line et son Jules qui aime Truf­faut (Louane et Victor Belmondo).

Tous les cligno­tants de la pauvre fille sont au rose

« Contre l’injus­tice, il y a l’injus­tice », « la sécu­rité c’est trop cher pour les pauvres »… après avoir sorti tous les cligno­tants de la pauvre fille, le film passe son temps à aligner des phrases toutes faites sur une musique dégou­li­nante.

Cinéaste au demeu­rant bien inten­tionné, on voit bien où Jean-Pierre Améris veut en venir dans cette rencontre entre celle qui n’a pas eu de chance et le juge qui traî­nait comme par hasard dans son café, avant de la juger genti­ment puis de la prendre sous son aile… Parce que lui aussi a besoin d’amour et cherche une femme pour l’em­bras­ser (Natha­lie Richard, rayon­nante, malheu­reu­se­ment seule­ment là pour servir la paëlla).

Michel Blanc costume Louane cheveux rose canapé marron Chesteerfield billets et code civil.

La lour­deur des sabots du déter­mi­nisme social

Les bonnes inten­tions clignotent à chaque plan, mais le problème, c’est la lour­deur des sabots avec lesquels Marie-Line et son juge prétend écra­ser le déter­mi­nisme social, alors qu’il ne fait que le repro­duire. Koh-Lanta contre Truf­faut, ou Les Anges de la télé-réalité contre France Culture (« ça veut dire quoi ‘sym­biose ?’)… Michel Blanc, qui a souvent eu du nez avec de belles petites comé­dies comme Les Petites Victoires, se contente de jouer ici les Monsieur Hire en Twingo rose défon­cée. Il résume très bien le résul­tat du film dans une énième formule : « A force d’être modeste, on finit par être médiocre« .

Marie-Line et son juge de Jean-Pierre Améris (Fr, 1h44) avec Louane Emera, Michel Blanc, Victor Belmondo, Philippe Rebbot, Natha­lie Richard… Sortie le 11 octobre.