Et si les Dune 1 et 2 de Villeneuve se ressemblaient comme deux gouttes de poison ? Certes, il y a bien un peu plus d’action et des séquences d’anthologie d’une guerre qu’on ne peut empêcher dans ce second volet. Une guerre entre résurgence nazie (superbe séquence de foules en noir et blanc), menace atomique et captation religieuse des fondamentalistes, qui ne peut pas ne pas faire écho au monde d’aujourd’hui… Les séquences de combat à mains nues camouflées dans le vent de sable du désert ou le remake SF d’Apocalypse now en vaisseaux futuristes envahissant le ciel sont proprement époustouflantes.

Rêve halluciné dans le désert

Mais ce qui frappe dans cette suite qui reprend Dune exactement là où Denis Villeneuve l’avait laissé, autant vous le dire tout de suite, c’est sa lenteur. Cette façon de prendre le temps de tourner fidèlement chaque page du livre de Herbert comme un rêve de gosse, et la magie de rester dans le temps suspendu d’un rêve prophétique en plein désert. Un faux rythme toujours aussi assumé.

Lenteur assumée

Rebecca Ferguson dans des décors et costumes toujours aussi inspirés.

Ça commence donc par prêcher dans le désert et ça dure assez longtemps… Denis Villeneuve ose toujours naviguer au bord de l’ennui, ne lésinant sur aucun temps mort, notamment pour installer les rites et la dimension d’ensorcellement qui conduira Paul devenu Fremen jusqu’à la confusion entre bien et mal, soif de pouvoir et soif de justice. C’est toute la subtilité et la singularité de ce projet pharaonique : faire le pari de la splendeur visuelle avant toute chose, d’une véritable création de mondes imaginaires sous nos yeux, pour mieux inviter à la méditation, y compris la plus noire.

Dune, tuerie sompteuse

Le baiser du mal entre le baron et son neveu (Stellan Skarsgard et Austin Butler).

Car si ce deuxième volet est aussi l’histoire d’amour d’une jeunesse – celle de Paul et de Chani qui clôt le film – le face-à-face avec Austin Butler, rasé comme un oeuf, sans langue et la bouche caverneuse, donne lieu à une tuerie finale d’anthologie. Autant Léa Seydoux – très bien coiffé et habillée – ne fait ici que passer (dans sa chambre), autant le combat avec le nouveau neveu de l’infâme baron Herkonnen, géniale créature maléfique, donne lieu à l’exhumation du mal et de l’horreur filial, jusqu’à un baiser incestueux d’une audace terrifiante.

Quand Timothée Chalamet prononce le mot « Dune« 

Dune, deuxième partie.

Si vous n’êtes pas familier, vous n’y comprendrez rien, surtout au début de cette seconde partie, plue lente qu’un scorpion en fin de vie. Mais c’est tout l’art de Denis Villeneuve que de savoir nous ensorceler, de scènes d’action aux machines à l’imaginaire unique, jusqu’au réalisme du désert dont on croirait toucher le sable, de la lumière aveuglante jusqu’aux pas de deux glissants des amoureux.

Le combat final entre Timothée Chalamet et Austin Butler.

Les fameuses séquences de chevauchée des vers de sable net sont plus là que comme la cavalcade d’un rêve d’enfant, qui a désormais tout le génie d’adulte nécessaire pour lui rendre justice. Inutile de tout comprendre. Inutile d’en attendre trop. Comme la BO de Hans Zimmer entre New Age et guitares rock grinçantes, on ne sait pas où on a atterri. Mais on a été transporté.

Dune 2 de Denis Villeneuve (EU-Can, 2h46) avec Timothée Chalamet, Zendaya, Javier Bardem, Austin Butler, Josh Brolin, Charlotte Rampling, Rebecca Ferguson, Stellan Skarsgard, Christopher Walken, Léa Seydoux, Dave Bautista… Sortie le 28 février.

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