Le film s’ouvre sur interview avec un journaliste du New Yorker qui présente Lydia Tár comme l’une des merveilles de la musique classique. Compositrice virtuose et ethnomusicologue, elle est également au point culminant de sa carrière de chef d’orchestre et se prépare à diriger le Philharmonique de Berlin s’il vous plaît pour une interprétation de la 5e symphonie de Mahler.

Une symphonie de pouvoirs après #MeToo

Cette première scène établit rapidement le statut du personnage et offre un aperçu de son caractère. La jeune femme contrôle les réponses, le sens de l’entretien, et le spectateur ne peut qu’être captivé par son charisme et son expertise. Une force qu’elle conserve ensuite face à son orchestre, comme dans sa vie de famille avec sa compagne Sharon (Nina Hoss) ou son assistante Francesca (Noémie Merlant). Todd Field prend le temps de présenter les relations entre chaque personnage pour mieux révéler progressivement la face sombre de son héroïne.

Cate Blanchett en pleine direction de pouvoir en contre plongée dans Tar.

Le grand rôle de Cate Blanchett

Tout au long de Tár, Todd Field va explorer les dérives de l’orgueil et du pouvoir à travers les jeux de manipulation de Lydia, qui fait miroiter d’éventuelles promotions aux jeunes femmes, ou caresse l’ego de ses prédécesseurs pour obtenir certaines faveurs (souvent des vieux mâles blancs, comme il se doit dans la musique classique).

Mais plus qu’un simple film sur la “cancel culture » et #metoo, Tár aborde de multiples sujets d’actualité dans une analyse complexe des rouages du pouvoir et de la domination ainsi que la difficulté à ne pas perpétuer ce système toxique. Auréolée d’un prix d’interprétation à la Mostra de Venise, Cate Blanchett livre une performance phénoménale en incarnant cette femme talentueuse dévorée par son égo et ses démons intérieurs. Déjà un des meilleurs films de 2023 et une route vers l’Oscar qui semble toute tracée.


Tár de Todd Field (E.-U., 2h38) avec Cate Blanchett, Noémie Merlant, Nina Hosse, Sophie Kauer, Mark Strong…

Cate Blanchett pull salle vide dans Tarr de Todd Field.