Pour chaque situa­tion, il existe un Vincent Lindon. Cgtiste en grève dans l’hor­rible En guerre ou cadre pris au piège d’un plan social dans Un autre monde chez Stéphane Brizé, magis­trat dans «  l’es­croque­rie du siècle  » pour Xavier Gian­noli sur Canal +… Depuis plus d’une décen­nie, l’ac­teur endosse la casquette du héros soli­taire qui doit faire face à la violence du monde social. Au risque de vampi­ri­ser parfois les films dans lesquels il joue.

Profes­seur au bout du rouleau, comme Lindon

Pour la caméra de Nico­las Boukh­rief, il campe un profes­seur au bout du rouleau qui va se lier avec un jeune Rom. Déprimé, mais vertueux, le voilà qui va tenter de retrou­ver le salut en le sauvant de la petite délinquance. En conflit contre le monde entier : les infir­mières, la police, l’aide sociale à l’en­fance, Vincent Lindon fait du Lindon et reprend les mêmes recettes, avec un fort senti­ment de déjà-vu. Pour­tant, Comme un fils est loin d’être dénué de tout inté­rêt.

Stefan Virgil crève l’écran en jeune Rom

Stefan Virgil Stoica, la révé­la­tion de Comme un fils.

Ancien de la revue Star­fix, marquante, Nico­las Boukh­rief emmène souvent le polar sur des chemins passion­nants (Le Convoyeur ou Trois jours et une vie d’après Pierre Lemaître). Le film docu­mente une réalité impla­cable : celle du manque de réponse de l’État sur la prise en charge des jeunes d’ori­gines étran­gères.

La réalité impla­cable de la prise en charge des étran­gers

Nico­las Boukh­rief s’em­pare de cette ques­tion à travers une rela­tion filiale pleine d’hu­ma­nité. Tour­nant à deux camé­ras au plus près des acteurs, l’as­pect nerveux et épuré de son cinéma s’ap­proche d’une esthé­tique docu­men­taire. Le jeune Stefan Virgil Stoica, casté en Rouma­nie, crève l’écran, tout comme Karole Rocher en direc­trice d’une struc­ture sociale d’aide aux étran­gers. 

C’est d’ailleurs lorsque le film se penche dans sa dernière partie sur l’as­pect collec­tif qu’il est le plus remarquable. Nico­las Boukh­rief filme le combat déri­soire et salva­teur des béné­voles qui donnent des cours à des enfants étran­gers. C’est aussi là que Vincent Lindon se tient plus en retrait. Ce ne sera malheu­reu­se­ment pas le cas jusqu’au bout. Il faut bien que le réali­sa­teur retrouve son héros à la fin du film… avec un dénoue­ment quelque peu démons­tra­tif et mani­chéen, où l’émo­tion des person­nages peine à dépas­ser un récit prévi­sible.

Comme un fils de Nico­las Boukh­rief (Fr,1h42) avec Vincent Lindon, Karole Rocher, Stefan Virgil Stoica. Sortie le 6 mars.

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