Ça commence sur le chapeaux de roue d’un quad, entre une course pour­suite en forêt et un flin­gage de drone en règles par une snipeuse qui n’a pas sa langue dans sa poche (Adèle Exar­cho­pou­los, dans son meilleur rôle). Avec beau­coup de talent, Méla­nie Laurent s’amuse avec Voleuses à croi­ser le pur film d’ac­tion avec les codes fémi­nins et son amour pour la nature. Entre deux balles, placide, la snipeuse se fait larguer par SMS, tandis que les deux femmes cultivent une rela­tion si proche qu’elle ne dit pas son nom.

Méla­nie Laurent et Adèle Exar­cho­pou­los devant Manon Bresch, la troi­sième larrone.

Méla­nie Laurent offre à Adèle Exar­cho­pou­los son meilleur rôle

Adèle Exar­cho­pou­los crève l’écran à brouiller les codes du genre et des genres, parlant comme un char­tier en restant plus fémi­nine et hyper-sexy que jamais. Méla­nie Laurent a toujours su très bien s’en­tou­rer, et complète ce duo qui va bien­tôt virer au trio dans l’ul­tra-cool atti­tude de l’aî­née pleine d’au­to­rité natu­relle qui n’a pas besoin de surjouer. Jusqu’à la scène de danse sur Diane Tell (Si j’étais un homme, bien entendu), ce film de pipe­lettes qui flinguent au lieu de parler est une comé­die d’ac­tion pop et fémi­nine comme on n’en avait pas vu jusqu’ici dans le cinéma français. En faisant genti­ment la nique aux hommes sans la moindre agres­si­vité.

Voleuses, comé­die d’ac­tion qui vire au drame pleur­ni­chard

Malheu­reu­se­ment, cette produc­tion Gaumont pour Netflix dure deux heures et ce qui n’est pas du tout un film de Voleuses doit bien finir par être l’adap­ta­tion de la BD de Bastien Vivès, Florent Ruppert et Jérôme Mulot qui lui offre ses meilleures idées. Les seconds rôles de Philippe Kate­rine (très bien marié à la ferme) ou de Félix Moati, armu­rier « au côté péné­trant » ne sont là que pour la figu­ra­tion, et Isabelle Adjani ne fait qu’une appa­ri­tion de plus dans son outrance ironique habi­tuelle sous les verres fumés, en citant du Gains­bourg, Sous le soleil exac­te­ment.

Même à la campagne, Adjani garde ses lunettes noires…

Voleuses par alors complè­te­ment en live dans sa deuxième heure, du flamenco à la Matrix, à la géné­ra­tion Désen­chan­tée de Mylène Farmer égarée en Corse. Si Adèle Exar­cho­pou­los avait l’aplomb idéal pour la comé­die d’ac­tion, le film, lui, ne sait plus où il veut aller, jusqu’à une évoca­tion de la mater­nité tardive dans un drame pleur­ni­chard final (entre café et cour­gettes), qui nous rappelle que, malheu­reu­se­ment, on était bien encore dans un film français qui se pose trop de ques­tions… Encore un effort !

Voleuses de et avec Méla­nie Laurent (Fr, 1h55) avec Adèle Exar­cho­pou­los, Manon Bresch, Isabelle Adjani, Philippe Kate­rine, Félix Moati… Dispo­nible sur Netflix.

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