Il y a d’’abord ce souffle romanesque qui traverse Illusions perdues, depuis les salons des nobliaux de province où tout semble figé dans l’ennui jusqu’aux rues et salles de spectacle d’un Paris en constante ébullition. On suit Lucien de Rubempré, jeune poète naïf monté à la capitale pour devenir un grand écrivain, Icare des temps modernes qui va se brûler les ailes au contact de l’argent et de la haute société.

Devenu journaliste pour un canard distribuant critiques élogieuses ou assassines au rythme des pots de vin, il est pris dans ce tourbillon qu’est la naissance de notre société moderne et du capitalisme, machine infernale qui emporte tout sur son passage, transformant le destin de Lucien en tragédie sans que rien ne puisse l’arrêter. La trajectoire malheureuse du personnage est indissociable d’une époque, et l’adaptation de Xavier Giannoli reste fidèle aux grands thèmes qui traversent l’œuvre de Balzac, comme la naissance de la publicité et de la presse moderne.

Vincent Lacoste et Benjamin Voisin dans le milieu littéraire parisien d’Illusions perdues.

Illusions perdues, Paris retrouvé

Amour, trahison, idéaux et peinture sociale, cette grande fresque des Illusions perdues est servie par une mise en scène luxuriante au milieu de laquelle chaque comédien trouve sa place. Benjamin Voisin est lumineux et sensuel dans le rôle du poète malmené, alors que Vincent Lacoste apporte toute sa modernité et sa nonchalance à son personnage de rédacteur en chef vendu.

Tandis que Cécile de France semble sur le point de se briser à chaque instant. Du grand spectacle pendant lequel on ne s’ennuie pas une seule seconde, malgré les 2h30 que dure le film. Et rassurez-vous, on n’a pas touché un seul pot de vin pour écrire ces lignes. C.S.


Illusions perdues, de Xavier Giannoli (2021, Fr, 2h30) avec Benjamin Voisin, Cécile de France, Vincent Lacoste, Xavier Dolan, Gérard Depardieu, Jeanne Balibar, André Marcon… Dimanche 17 décembre à 21h10 puis en replay gratuit sur France 2.