Les eunuques, ça sait mais ça peut pas” écri­vait Sacha Guitry. C’est un peu ce qui est arrivé à Serge Bozon à vouloir passer de la critique à la réali­sa­tion, et vouloir tout faire en un seul film : : cinéma, théâtre (en mettant la pièce en abîme), chan­sons, musique sympho­nique et même danse… (c’est Chris­tian Rizzo qui cache­tonne ici le temps d’une séquence bâclée). A l’ar­ri­vée, il faut tout mal, et il devrait être inter­dit de confier un aussi beau couple de cinéma que celui de Tahar Rahim avec Virgi­nie Efira à un cinéaste aussi peu capable. Car il ne suffit pas de mettre une pièce en abîme et de faire chan­ter n’im­porte quoi à des comé­diens pour faire une comé­die musi­cale. Surtout quand il s’agit d’écrire des dialogues qui ne mènent nulle part : « A quoi tu penses ? Rien… » (sic)

Cinéma français sans capi­taine

Serions-nous dans un film français ? Bien sûr, « Laurent » et « Julie » sont comé­diens dans le film, et bien sûr ils vont se sépa­rer (avec Laurent qui voit Julie partout, Virgi­nie Efira jouant plusieurs rôles). L’image de splen­dide de Sébas­tien Buch­man, le chef op’ de Mickael Hers (Amanda, Les Passa­gers de la nuit), est splen­dide. Virgi­nie Efira est capable d’être émou­vante en une seule scène ou de mettre une torgnole à Tahar Rahim… éblouis­sant le temps d’une mini-séquence d’air foot­ball… Mais que vient faire l’air foot­ball ici ? En faisant de Don Juan un perdant magni­fique obsédé par la femme qui l’a quitté, Serge Bozon filme le Don Juan d’hier (au théâtre) et la Don Juan d’aujourd’­hui (au cinéma)… avec la même arti­fi­cia­lité sans rythme que dans ses précé­dents longs métrages. Seul rescapé : le Comman­deur d’Alain Cham­fort chan­ton­nant sa mélan­co­lie (parce qu’en plus il a perdu sa fille !^^^), autre bonne idée de casting pour un film sans capi­taine. Le mythe de Don Juan s’en remet­tra. Le cinéma de Serge Bozon, qui n’a jamais trouvé son public, c’est moins sûr…

Don Juan de Serge Bozon (Fr, 1h40) avec Tahar Rahim, Virgi­nie Efira, Alain Cham­fort, Jehnny Beth… Sortie le 23 mai.

Comme Tahar Rahim, mieux vaut aller prendre un verre en terras­se…