C’est l’histoire de l’un des cœurs brisés les plus célèbres de l’histoire du ballet. Monument du répertoire romantique, écrit en 1841 pour 40 interprètes, Giselle fait danser une jeune fille folle d’amour et convoque des fantômes jusqu’à l’aube. Entre Noël et le jour de l’An, le théâtre des Célestins en propose une version étonnante et dépouillée : celle d’une danseuse, seule en scène avec un quatuor de musiciennes.

GISELLE… – une pièce de François Gremaud avec Samantha van Wissen (©Dorothée Thébert Filliger)

François Gremaud relit Giselle à l’aune du mythe

Esprit suisse insolite, François Grémaud a souvent mis en scène des grandes héroïnes du romantisme en solitaire, pour mieux en déconstruire le mythe. La plupart du temps sous la forme d’une conférence amusée, mais teintée d’un humour qui n’a rien de parodique.

Au contraire, François Gremaud travaille l’oeuvre pour ce qu’elle est, en produisant le décalage de narration qui mettra à jour la modernité de la féminité. C’était déjà le cas avec Rosemary Standley et sa Carmen, à l’affiche des Célestins cette semaine.

Photos : Dorothée Thébert Filliger.

Samantha van Wissen, Giselle d’exception

Avec l’extraordinaire Samantha van Wissen – favorite de la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker – le corps déborde, les mots se mettent en retrait et le solo de danse vire au chef-d’oeuvre. La grande danseuse débarque sur scène vêtue de noir et chaussée de baskets blanches, et se présente à la manière d’une prof de danse.

Il y a un peu de ça dans cette Giselle… (les points de suspension comptent), de la pédagogie et une séance de rattrapage pour celles et ceux qui auraient manqué le début. Il y a aussi le travail fabuleux d’une interprète qui joue tous les rôles, tout en humour et délicatesse. Une comédie dansée qui fait du bien.