1. L’œuvre la plus spectaculaire : Nathan Coley défait des miracles

Originaire de Glasgow en Écosse, Nathan Coley explore l’espace public, interroge les discours historiques, et utilise lui aussi plusieurs supports, comme la photographie, la vidéo, mais surtout les installations lumineuses grandioses. Installées sur de grands échafaudages, ces installations écrivent souvent une phrase, tirée d’écrits historiques, de chansons populaires, ou de conversations. Invitant le spectateur à réfléchir sur la charge sociale et politique de l’architecture et de l’espace qui l’entoure, il s’intéresse notamment au relationnel entre sphère privée et publique, comme au rapport entre l’État et l’Église.

Nathan Coley, There Will Be No Miracles Here, 2006, installation Mount Stuart, Isle of Bute, courtesy of the artist, The Page Gallery Seoul, © ADAGP, Paris, 2024Photo : Keith Hunter.

Installation de presque 6 mètres de haut, There Will Be No Miracles Here, composée d’ampoules incandescentes montées sur un échafaudage, voit son message tiré d’une proclamation royale : « Il n’y aura pas de miracles ici, par ordre du Roi ». Cet ordre écrit au XVIIsiècle sur un panneau dans un village de Haute-Savoie qui avait été victime d’événements surnaturels, démontre à quel point l’ordre admettait, mais désirait contrôler le divin. Le roi était maître du visible et de l’invisible, de l’espace public comme de l’imaginaire collectif. Si dorénavant les rois ne contrôlent plus les miracles (enfin, a priori), Nathan Coley, lui, continue de nous interroger avec ses phrases géantes, sur le monde qui nous entoure et ceux qui désirent le dompter… et nous dompter.

2. Nouveau lieu : Iván Argote aux Grandes Locos, ça a l’air fou !

Iván Argote, The Other, Me & the Others, 2023, courtesy of the artist, Noor et / and Havas,© ADAGP, Paris, 2024, Photo : Mario Guerra.

Les Grandes Locos, c’est la nouvelle friche incroyable de la Métropole qui va accueillir la Biennale. L’artiste et réalisateur colombien vivant à Paris Iván Argote viendra y questionner le spectateur, comme à son habitude, sur la société qui l’entoure et les discours dominants, non sans une touche d’humour et de tendresse. 

Capable de performances satiriques comme dans Retouch (2008) où il s’amusait à grapher sur deux Mondrian (protégés sous verre) au Centre Pompidou, ou de se filmer en train de lécher une barre de métro, Iván Argote, c’est aussi des installations monumentales capables d’immerger le spectateur.

On peut retrouver cela dans The Other, Me and the Others, qui sera présent en début de parcours aux Grandes Locos, cette bascule géante, balançant d’un côté ou de l’autre selon le nombre de personnes s’y trouvant. Une façon de questionner votre lien aux autres en prenant l’espace public comme un terrain de jeu et de liberté. Arriverez-vous à trouver l’équilibre avec autrui ? Une autre œuvre d’Iván Argote sera présente en fin de parcours, spécialement pensée pour le lieu. On vous laisse la surprise !

3. Mathieu Pernot, le photographe des oubliés à la Biennale de Lyon

Mathieu Pernot, Intérieurs, Gennevilliers, 2001 © ADAGP, Collection d’art Société Générale.

Photographe reconnu pour son travail et son engagement, Mathieu Pernot traverse la France de long en large pour montrer ceux qu’on ne voit pas, les oubliés, ou “ceux qu’on ne veut pas voir”. Commençant par les communautés tsiganes près de son Arles natal, il s’est ensuite penché au gré de ses clichés sur les grands ensembles de banlieue, les prisons, les hôpitaux psychiatriques, touché par la notion d’enfermement.

Mathieu Pernot alterne entre ses projets à l’approche plus artistique et des travaux se rapprochant du documentaire. Allant au plus près des choses pour les capter, il s’est rendu au camp de Moria sur l’île de Lesbos en 2020, accueillant près de 20 000 migrants à l’époque. Nul doute que ses photographies, qui résonnent le plus souvent avec l’actualité, sauront une fois de plus nous emporter au plus près de la réalité.

4. Christian Boltanski et Annette Messager, incontournables

Christian Boltanski et Annette Messager, Le Voyage de noces, 1975. 21 dessins aux crayons de couleur, plume et encre noir sur papier vélin et 86 tirages couleur chromogène brillant / © Adagp, Paris, 2024 © Fondation Louis Vuitton / Marc Domage.

Il serait vain de tenter de résumer Boltanski en quelques lignes. Ce pilier de l’art contemporain hexagonal a traversé les époques en passant par tous les médiums artistiques pour nous transmettre ses émotions et intentions, souvent portées vers la mémoire et le questionnement entre absence et présence. La présence de sa compagne Annette Messager, artiste non moins importante abordant la question du corps et de la féminité jouant avec les tabous, n’est pas moins précieuse.

Artiste multidisciplinaire, l’octogénaire est capable de s’exprimer elle aussi sur tous les supports : bricoleuse, collectionneuse, ses productions vont de la photographie au dessin en passant par les sculptures, la couture et même le travail sur des animaux empaillés ! Christian Boltanski et Annette Messager ont par ailleurs collaboré sur le même projet, leur première œuvre commune, Voyage de noces. Elle se compose de 21 dessins d’elle, et 86 photographies de lui.

5. Nadav Kander, l’artiste international ami des stars

Nadav Kander, Chongqing IV, Sunday Picnic, 2006, Collection d’art Société Générale.

C’est un des photographes les plus célèbres et talentueux de ces 30 dernières années, réputé notamment pour ses portraits. Nadav Kander a immortalisé des personnalités du monde politique (Barack Obama après son investiture, pour le New York Times, ainsi que son équipe, alors composée de figures comme Hillary Clinton ou Joe Biden… Il a aussi photographié Donald Trump, le roi Charles III et même le président Emmanuel Macron). Mais aussi des stars comme Keira Knightley, Benicio del Toro, Cillian Murphy, Brad Pitt, Usain Bolt ou Paul McCartney… La liste n’en finit pas, même s’il serait réducteur de résumer les clichés de Kander aux célébrités qu’il a croisées.

S’il a reçu tant de prix prestigieux, c’est pour sa capacité à saisir une image forte et évocatrice. Chacune a son identité propre, et cela même si elle appartient à la même série que la précédente. Que ce soit pour les visages ou les paysages, c’est l’homme qui transforme l’argentique en or. Un immanquable de cette Biennale de Lyon. 

17e Biennale d’art contemporain de LyonLes Voix des fleuves / Crossing the water. Du 21 septembre 2024 au 5 janvier 2025. Nouveau lieu des Grandes Locos, métro Gare d’Oullins (sortie Nord, à 2 min à pied).

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