Vous cherchez le spectacle le plus fou des fêtes, pour le plaisir de partir en vrille ? Imaginez sept comédiens amateurs qui détruisent une intrigue. Ou plutôt sept-comédiens-professionnels-jouant-des-comédiens-amateurs qui massacrent une histoire. C’est par cette mise en abyme que la pièce Les Faux British s’emploie à déconstruire (littéralement) un genre, celui du whodoneit (bonjour Agatha Christie).

Les sept amateurs de roman noir sont réunis pour mettre en scène une intrigue à la Conan Doyle. Un manoir anglais, un propriétaire assassiné, un enquêteur fumeur de pipe et une multitude de suspects. Une trame éculée et sans intérêt, mais c’était sans compter l’amateurisme des comédiens pour faire exploser tout ça dans un fracas jubilatoire, jusqu’à l’effondrement final dans un gag à la Buster Keaton

Marc Gelas, Ségolène Stock et Jean-Rémi Chaize dans la comédie Les Faux British.
Marc Gelas, Ségolène Stock et Jean-Rémi Chaize en plein délire !

Dans Les Faux British, les décors tremblent dans un fracas jubilatoire

«Si dans le premier acte vous dites qu’il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu’un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte », théorisait Tchekhov à la fin du XIXe siècle. La mise en scène de Gwen Aduh pousse cette règle dramaturgique à son paroxysme. Chaque accessoire, élément de décor est utilisé pour un gag.

On pense aux films des ZAZ et aux Monty Python dans cette manière absurde de détourner les codes. Les objets changent de fonction, mais c’est bien le langage du théâtre qui se retrouve bousculé. À la faveur d’une erreur de mise en scène, l’inspecteur se retrouve ainsi à griffonner sur un vase au lieu de son carnet. C’est génial et le comédien se retrouve forcé de faire semblant d’y croire…

On aura rarement vu autant de spectateurs se fendre la pipe

C’est cette prétention des amateurs à continuer de jouer alors que tout s’effondre autour d’eux qui donne son sens à la pièce: comme lorsqu’un comédien se met à lire les didascalies de son texte, que deux autres jouent leurs répliques en décalé, et que le dernier adresse un regard gêné au public alors qu’un feu vient de se déclarer sur scène. Une connexion s’établit avec le public, hilare. Celui-ci devient à la fois le témoin et le juge de cette pièce. On a rarement vu autant de spectateurs se fendre la pipe. C’est dire l’ambiance que vous pourrez avoir pour le 31 décembre… Comme dirait l’autre fumeur, « Elementary, my dear Watson ».