Le Jura, c’est le territoire de Pierric Bailly. C’est dans un petit village du Jura, perdu au fond des bois, que le romancier a grandi quasiment seul avec son père (L’Homme des bois, superbe). Après des études de cinéma à Montpellier et des vagabondages dans toute la France, il s’est installé à Lyon, où se déroulait notamment Le Roman de Jim. En quelques livres, Pierric Bailly a construit une œuvre littéraire singulière, dans laquelle ses personnages cabossés viennent trouver refuge dans l’ombre des conifères jurassiens.

En toute logique, c’est là que se déroule la majeure partie de son dernier roman, La Foudre. John, jeune berger en couple avec Héloïse, passe cinq mois par an dans les alpages. Il apprend par hasard qu’Alexandre Perrin, un ami du lycée, vétérinaire et militant écologiste, a tué son voisin, un chasseur de 20 ans. Il quitte alors son refuge et reprend contact avec Nadia, l’épouse d’Alexandre et ancienne camarade. Une histoire atypique s’installe avec la femme de son ancien coloc d’internat.


Pierric Bailly, entre polar et contemplation


Sous cette intrigue un brin mélodramatique, on découvre des personnages touchants, hésitants, pleins de profondeur. John est un anti-héros bourru dont la douceur et les failles se dévoilent au fur et à mesure de l’intrigue et de sa rencontre avec Nadia. On le suit dans ses pensées, ses hésitations, ses contradictions, le tout sur fond de montagne qui accentue l’aspect contemplatif du récit.

Pierric Bailly parvient à embarquer le lecteur dans cette histoire de passion, grâce à une écriture directe et puissante. Une histoire sur les liens qui nous unissent les uns aux autres. Tout ce que cette intensité charrie dans son sillage. L’intrigue se charge en électricité jusqu’à la déflagration finale. Après la sidération, il ne reste plus rien, que l’écho de ce qui a été. La foudre est autant l’élément que l’on craint que le choc bouleversant que l’on attend et la promesse d’un éternel nouvel orage. Dévastateur, le roman de Pierric Bailly se lit en un éclair.

La Foudre de Pierric Bailly (P.O.L, 465 pages, 24 €). Parution le 17 août.