Il est candidat ! Après le départ de Dominique Hervieu de la Maison de la danse, Mourad Merzouki rêve de lui succéder, et il a tous les atouts pour cela. Il nous explique son désir de revenir à Lyon pour monter un projet global pour la Biennale et la Maison de la danse. Pourvu que les politiques l’entendent… Réponse d’ici février.

Le monde de la culture se réinvente et le numérique prend de plus en
plus de place. À quoi va ressembler le futur de la danse ?

Mourad Merzouki : « Il y a un profond changement qui est en train de s’opérer, un monde nouveau auquel nous faisons face, dans la culture et ailleurs. Se réinventer, oui, sinon nous sommes perdus ! Les réseaux sociaux ont été précieux pendant les confinements, comme une manière de ne pas se couper des spectateurs qui n’avaient comme seule échappatoire que le lien internet. Ce qu’on retient de très positif, c’est qu’avec ces outils, on est allé chercher un nouveau public, celui qui n’ose pas, qui ne va pas de façon évidente au théâtre et qui a pu facilement découvrir ce milieu. Le pari à présent, c’est que ce même public puisse franchir nos portes et voir les spectacles en vrai.


Vous aviez déjà succédé à Dominique Hervieu en 2008 à la tête du Centre chorégraphique national de Créteil (94), son départ de Lyon vous donne-t-il envie de prendre sa suite, à nouveau ?
Tout le monde connaît mon attachement à Lyon et à ses habitants, j’ai une histoire forte avec la métropole lyonnaise et je n’ai jamais coupé le cordon. Je suis né à Lyon et j’ai grandi à Saint-Priest, où je vis toujours. Dominique Hervieu a fait un travail formidable à la Maison de la danse, l’héritage de Guy Darmet n’était pas facile, et elle en a fait un lieu ouvert à tous. J’y suis extrêmement sensible et je me retrouve pleinement dans cette dynamique de partage de la danse pour tous, à la fois à l’endroit du populaire et de l’exigence, en plus d’un rayonnement à l’international. Tout ça me plaît, me parle. Il s’avère que le départ de Dominique Hervieu arrive au moment où j’arrive moi-même à la fin de mon mandat, après 13 ans au CCN. Est-ce un signe ? Dans tous les cas, je serai extrêmement heureux de proposer un projet pour Lyon, pour la Maison et pour la Biennale de la
danse, comme j’ai déjà pu le faire sur le territoire avec le festival Karavel.


Qu’est-ce qui vous séduit dans l’idée de revenir à Lyon ?

Je viens de terminer Zéphyr, j’ai cinq spectacles de répertoire qui sont en diffusion actuellement, et en parallèle, je travaille sur mon retour dans la métropole lyonnaise. Tout ça est en gestation, mais mon désir de revenir est bien réel, en plus de maintenir une dynamique avec Paris, Créteil et le reste du monde. Je suis un artiste qui aime bouger, créer des passerelles, mais j’aime aussi cette idée d’avoir une implantation dans la ville qui m’a vu naître et grandir. J’ai beaucoup voyagé, et partout Lyon fait figure d’exemple sur le plan culturel, notamment avec ses festivals. On sait que les Lyonnaises et les Lyonnais ont une sensibilité forte pour la danse, acteurs
et spectateurs. Quand on dit que cette ville en est la capitale, ce n’est pas pour rien ! Tout cela me conforte dans l’idée de continuer à rêver et à imaginer des projets à la hauteur de ce qu’incarne Lyon à travers le
monde. C’est une grande fierté pour moi d’être né et de vivre ici. »

Propos recueillis par Mathilde Beaugé