Tout commence dans le jardin d’un pavillon de banlieue, avec la découverte d’une oreille coupée dans l’herbe, dévorée par des fourmis noires. Un comble de la part d’un cinéaste qui deviendra un orfèvre de la bande sonore…

Après Eraserhead et Elephant Man en noir et blanc, Blue Velvet ouvre pour la première fois grand les portes de d’univers halluciné qui deviendra le sien. Jeune réalisateur venu des arts plastiques, David Lynch y pervertit le genre du sitcom à travers le film noir le plus morbide et le personnage de « père » le plus horrible de l’histoire du cinéma (Dennis Hopper), malgré un héros un peu falot (Kyle McLachlan, qu’on retrouvera dans Dune).

Blue Velvet, thriller érotique bien glauque

Isabella Rossellini au Blue Velvet.

Lynch signe avec Blue Velvet son premier coup de maître en forme de thril­ler érotique glauque, même s’il a pris un léger coup de vieux. Un thriller alors jamais vu (Fincher prendra la suite), tout à la fois ingénu et pervers, d’une violence et d’une poésie troublantes. L’enquête étrange va prendre la forme d’un Cluedo surréaliste aux confins de la démence humaine (toujours Fincher). Blue Velvet annonce toute l’oeuvre de Lynch et ses obsessions : la petite ville de Blue Velvet est comme voisine de celle de Twin Peaks, et le club bleuté où chante Dorothy annonce celui de Mulholland Drive.

Dennis Hopper en sociopathe halluciné

Lynch compose pour la première fois avec Blue Velvet l’univers halluciné qui n’appartient qu’à lui, et crée déjà des monstres humains comme on en retrouvera dans Lost Highway ou Inland Empire. Isabella Rossellini n’y a jamais été aussi sublimement déchirante, et Dennis Hopper y trouve la prestation la plus folle de sa carrière, sociopathe shooté à l’oxygène qui chougne et machouille les robes de ses victimes sexuelles… Autant dire que Blue Velvet n’a rien perdu de son actualité… ni de ses maléfices. Laissez-vous ensorceler.

Blue Velvet de David Lynch (1986, EU 1h42) avec Kyle MacLachlan, Isabella Rossellini, Dennis Hopper, Laura Dern… Lundi 22 janvier à 22h55 ou en replay sur Arte.

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