Du double assas­si­nat à l’aé­ro­port de Bastia qui a inspiré Borgo (le nom de la prison corse), ne restera que les cadavres bâchés en ouver­ture du film, et la recons­ti­tu­tion du meurtre inci­dente à la toute fin. Entre­temps, Stéphane Demous­tier la vie au jour le jour de celle qui en aura été la complice, la « Matonne » Ibiza dans son quoti­dien le plus banal.

L’his­toire vraie de la matonne complice

Après le très beau La Fille au brace­let, Stéphane Demous­tier s’in­té­resse à un autre person­nage fémi­nin opaque, malheu­reu­se­ment pas avec la même réus­site. Autant le scéna­rio de La Fille au brace­let était suffi­sam­ment déve­loppé (notam­ment à travers les parents) pour entre­te­nir le mystère. Autant celui de Borgo n’en finit plus d’ex­po­ser ce qui va arri­ver sans jamais filmer ce qui arrive, jusqu’à ne garder que les temps morts.

Les scènes de prison ont un vague inté­rêt docu­men­taire, mais à n’ap­pro­fon­dir ni les bandes corses rivales comme dans Une Vie violente de Thierry De Peretti, ni la dupli­cité de son person­nage en famille, Demous­tier se condamne à suivre méca­nique­ment un person­nage trop lisse et trop ennuyeux pour nous inté­res­ser pendant de 2h. En oubliant de diri­ger ses acteurs (comme Michel Fau ou Florence Loiret-Caille, vrai­ment pas à leur avan­tage).

Hafzia Herzi, l’ac­trice la plus inex­pres­sive du cinéma français

Hafsia Herzi et Louis Memmi.

Crêpage de chignon avec le voisin, quatre véri­tés aux hommes, gentillesse avec les voyous (très gentils) et opacité la plus totale sur son visage photo­gé­nique, Hafsia Herzi retrouve son rôle habi­tuel de la fille rétive qui fait la moue et ne s’en laisse pas comp­ter.

A trop refu­ser le polar (les bandes corses restent folk­lo­riques, les inspec­teurs sont deux alors qu’il n’y pas d’enquête, la vie de famille se limite à quelques clichés…), Stéphane Demous­tier étire un fait divers banal sans jamais lui donner l’épais­seur d’une fiction. Contrai­re­ment à La Fille au brace­let, peut-être n’y avait-il aucun mystère à aller cher­cher ici. Qu’une matonne qui s’est lais­sée corrompre comme ça arrive tous les jours. Ni docu­men­taire ni fiction fertile, peut-être s’est-il trompé de point de vue pour racon­ter cette histoire-là.

Borgo de Stéphane Demous­tier (FR, 1h58) avec Hafsia Herzi, Louis Memmi, Sams, Michel Fau, Pablo Pauly, Florence Loiret-Caille… Sortie le 17 avril.