Elle n’y est pour rien. On l’adore. Entou­rée de Daniel Auteuil et Denis Poda­ly­dès, Sandrine Kiber­lain avait toutes les bonnes raisons de jouer dans La Petite Vadrouille, même pour un énième rôle de femme fantai­sie parta­gée entre deux hommes. Mais c’était sans comp­ter le réali­sa­teur hono­raire des comé­dies pas drôles, Bruno Poda­ly­dès, dont l’es­prit de sérieux et l’ab­sence totale de rythme au montage sont capables de gâcher même le talent de la plus drôle des actrices.

Acteurs à vau-l’eau

Daniel Auteuil, Bruno Poda­ly­dès et Sandrine Kiber­lain.

Voici donc la pauvre Sandrine en Justine, une cadre de l’évé­ne­men­tiel mariée censée orga­ni­ser un séjour roman­tique sur mesure pour son patron (Daniel Auteuil). Sauf que c’est pour l’in­vi­ter elle qu’il le lui a demandé, sous les yeux de son mari obligé de se taire (Poda­ly­dès, Denis) pour empo­cher la coquette somme de 14 000 euros. On passera sur le réalisme et la cari­ca­ture d’un patron plus vieux que le cinéma de Poda­ly­dès et Daniel Auteuil réunis… Nous sommes bien dans un film français : tout n’est ici que prétexte – surtout à écrire et filmer pares­seu­se­ment. La Petite Vadrouille va remon­ter le canal du cinéma art et essai sans la moindre idée, en passant les écluses une à une à bord de La « Péni­chette », comme un court-métrage étiré au rythme plus lent que Belle Île en mer à marée basse.

Petite Vadrouille, gros beauf

Il a beau multi­plier les réfé­rences pour nous montrer le cultu­reux qu’il est (de Beetho­ven à Hugues Aufray), le problème de Bruno Poda­ly­dès, c’est de rester un vrai beauf sous le vernis cultu­rel. La pein­ture de la jeunesse sur une autre échoppe est atter­rante (avec cliché de musique mexi­caine pour dési­gner une jeune fille du pays).

Tout est laid et lent dans La Petite Vadrouille, avec des acteurs qu’on adore par ailleurs mais lais­sés ici à vau-l’eau comme le bateau. Pas un person­nage n’est digne d’in­té­rêt dans cette énième resu­cée neuras­thé­nique de l’amour à trois ayant passé l’an­dro­pause (l’amant, le mari, la femme). Les allu­sions aux QR codes du capi­ta­lisme et à la guerre en Europe sont encore plus datées que le Charles-de-Gaulle (le porte-avions). Elles finissent par faire de cette Petite Vadrouille un vrai gros film de vieil embour­geoisé, préten­tieux jusqu’au titre, qui se la joue « petit« , en pensant grand. À oublier.

La Petite Vadrouille de et avec Bruno Poda­ly­dès, avec Sandrine Kiber­lain, Denis Poda­ly­dès, Daniel Auteuil, Isabelle Cande­lier… Sortie le 5 juin.

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