Il ne faut jamais mal parler à un stagiaire. Un jour, il pourrait se venger. C’est ce dont Karim Leklou fait l’expérience au début de Vincent doit mourir, avant de se rendre compte qu’il n’est pas le seul à lui en vouloir. Irruptions de violence gratuite, bagarre au premier regard, Stephan Castang traite la violence par l’absurde, en s’amusant dans un humour très très noir du repli sur soi et de la paranoïa ambiante.

Lyon parano

De ce point de vue, dans une mise en scène soignée, il utilise très bien les rues de Lyon, des traboules des pentes de la Croix-Rousse aux allées métalliques derrière l’hôpital Saint-Joseph, pour trahir ce monde aseptisé que son Vincent ne peut plus traverser sous peine de terminer en véritable cible en terre hostile. Avec sa chienne Sultan, c’est donc dans une maison reculée du Beaujolais qu’il va se réfugier, jusqu’à rencontrer une serveuse de Mc Drive pas comme les autres (Vimala Pons), venue lui apporter sa commande de viande crue à la fenêtre de sa 504 d’un autre temps.

Karim Leklou du spectacle

Karim Leklou se bat même dans la boue.

Ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur un premier film aussi original. Ce tandem de desaxés, entre menottes et bandeau sur les yeux pour prévenir toute violence, va s’apprivoiser jusqu’à tenter un bout de chemin ensemble. Jusqu’à une séquence d’autoroute façon invasion de zombies de Romero assez impressionnante pour en avoir fait l’affiche de ce drôle de film, entre thriller sanglant et comédie acide à la Just Philippot. Lunaire et prêt à tout endurer, Karim Leklou est l’anti-héros parfait de ce Vincent doit mourir pas comme les autres qui, malgré un léger fléchissement en fin de parcours, impose avec maestria sa personnalité de metteur en scène au beau milieu d’un film de genre assumé.

Vincent doit mourir de Stephan Castang (Fr, 1h48) avec Karim Leklou, Vimala Pons, François Chattot, Jean-Christophe Folly… Sortie le 15 novembre.