Foin des polémiques inutiles : Omar Sy a dit lui-même qu’il valait mieux « laisser pisser » sa remarque dans une interview sur les guerres en Afrique, soudain pris d’une conscience politique en sortant de sa « cachette » de Los Angeles et des superproductions Netflix (Arsène Lupin, bien loupé). Alors que vaut Tirailleurs, ce film qu’il a mis dix ans à produire quinze ans après Indigènes, le film de Bouchareb avec Djamel Debbouze et Sami Bouajila qui traitait exactement du même sujet, les tirailleurs sénégalais de l’armée française pendant la guerre 14-18 ? Finalement pas grand-chose, avec un nombre d’entrées promis inversement proportionnel au temps de promo, si l’on en croit le premier jour…
Indigènes au petit pied
Même s’il n’est pas honteux, Tirailleurs est surtout une sorte d’Indigènes au petit pied par le gentil chef op’ d’Intouchables devenu yesman de la réalisation. Caméra académique en immersion dans les tranchées avec costumes d’époque le doigt sur le pantalon et la tête sous le casque, on a vu ça 100 fois depuis le Capitaine Conan de Bertrand Tavernier. Mais le problème de Tirailleurs, en plus de la musique double couche et de la lourdeur de ses messages convenus et bien-pensants, c’est le cahier des charges désormais incontournable de son acteur-producteur : depuis Demain tout commence jusqu’au Prince Oublié, le film le plus raté de Michel Hazanavicius, Omar Sy semble vouloir soigner sa popularité de JDD avec une intrigue familiale obligatoire pour faire pleurer dans les chaumières. Si ce premier film de Matthieu Vallepied n’a décidément pas l’ampleur d’Indigènes, c’est parce que son intrigue du fils parti à la guerre pour en démontrer à son père prend vite le pas sur le prétendu point de vue historique répété en élément de langage à longueur de promo… Accouchement d’une petite souris familiale bien pensante d’une montagne de polémique historique, Tirailleurs c’est décidément bien riquiqui.
Tirailleurs de Mathieu Vallepied (Fr, 1h49) avec Omar Sy, Alassane Diong, Jonas Bloquet… Sortie le 4 janvier.
