Des paires d’yeux nous matent sur écran géant en fond de scène, tandis que des corps presque nus prennent forme sur le plateau. Angelin Preljocaj n’a pas son pareil pour créer des images, et sculpter les corps par la lumière, comme une statuaire en mouvement. Jouant avec les visages ou les costumes des danseurs en plateau, il utilise (avec parcimonie) une vidéo contemplative pour magnifier des corps d’aujourd’hui en échos aux mythologies d’hier, autant scénographe que chorégraphe.

Avec les vingt interprètes de son ballet ajouté aux danseurs de l’Opéra de Bordeaux, Mythologies appartient aux grands spectacles populaires de Preljocaj, sans doute le plus proche jusqu’à présent de l’idéal classique. Même la musique non-stop qu’il a commandé à l’ex-Daft Punk Thomas Bangalter tient du néo-classique, rythmant les tableaux de volutes à la Philip Glass jusqu’au combat factice mais impressionnant du Petit Chaperon blanc avec le loup.

Car ce sont les duos et quatuors qui l’emportent ici. Le voile est celui des mille et une nuits, qui vient suggérer des fesses parfaitement visibles par ce maître de l’érotisme, et s’il reste un grand esthète de la danse d’aujourd’hui – notamment dans des scènes de groupe minimalistes – Preljocaj n’oublie jamais la narration, quitte à ajouter un ou deux tableaux en trop pour tenir la distance d’1h30 propice à l’effectif produit sur scène.

Restent des images sublimes (le dieu grec en slip argenté !), jamais seulement illustratives, dans un grand ballet contemporain idéal pour le public néophyte. Du très bon spectacle populaire.

Mytho­lo­gies d’An­ge­lin Preljo­caj. Jusqu’au dimanche 18 septembre à 20h30 (mer 20h, dim 15h) à la Maison de la danse, Lyon 8e. De 29 à 49 €. Photos : JC Carbonne. Désormais à découvrir gratuitement sur France TV.

Angelin Preljocaj à la première de Mythologies à la Maison de la danse.
Angelin Preljocaj courant pour les saluts lors de la première de Mythologies à la Maison de la danse où nous étions.